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Le
Code de procédure pénale ne prévoit pas de
régime de détention spécifique pour les femmes, à
l'exception des articles sur la présence des enfants de moins de
18 mois auprès de leur mère incarcérée. Les
femmes détenues se voient appliquer la même réglementation
que les hommes.
2 070
femmes, dont 1 046 prévenues et 1 024 condamnées,
sont incarcérées au 1er décembre 1999. Les femmes
représentent 3,8 % de la population carcérale,
10 % des personnes sont condamnées pour crime ou délit
par la justice et 14 % des personnes sont mises en cause par les
services de police judiciaire. 51 % des détenues condamnées
purgent une peine d'emprisonnement supérieure à 3 ans, contre
44 % des hommes. 51 % des femmes détenues sont en détention
provisoire, ce qui est supérieur à la moyenne nationale
de 39 % de prévenus parmi l'ensemble de la population carcérale.
La moitié des sorties de prison des femmes détenues concerne
celles ayant le statut de prévenues, celles qui sont condamnées
avec sursis, acquittées, bénéficient d'un non-lieu
ou dont la peine est couverte par la détention provisoire effectuée.
Plus d'une trentaine de mineures, dont 6 de moins de 16 ans, sont
incarcérées avec les détenues majeures. Le nombre
de mineur(e)s incarcéré(e)s est en hausse. Entre 1996 et
1997, l'augmentation est plus marquée chez les filles (+ 13 %)
que chez les garçons (+ 7 %). Au 1er juillet 1999, 14 %
des femmes détenues ont moins de 25 ans.
Au 1er octobre 1998, une femme détenue sur quatre est de nationalité
étrangère.
Sur les 338 femmes incarcérées en octobre 1998 à
la maison d'arrêt de Fleury-Mérogis, 231 sont étrangères.
Au
1er décembre 1999, onze femmes condamnées sont incarcérées
au motif qu'elles n'ont pu payer une amende (contrainte par corps).
Saskia Doneit, de nationalité allemande, est incarcérée
depuis le 11 janvier 1990 suite à une condamnation à 9 ans
de prison, une interdiction définitive du territoire et une amende
douanière de 25 millions de francs. En février 1998, elle
finit d'exécuter sa peine de prison mais reste incarcérée
à la maison d'arrêt de Fresnes pour une contrainte par corps.
Après 14 mois de détention pour ce motif, elle parvient
à négocier avec les douanes de leur verser son pécule
de libération de 25 000 F à la place de l'amende.

L'administration
pénitentiaire présente d'importantes défaillances
en matière de prévention du suicide et d'intervention d'urgence.
Des dysfonctionnements sont à l'origine de certains décès.
Deux cas de suicide et 41 cas de tentative de suicide sont enregistrés
entre 1996 et 1998 à la maison d'arrêt de Fleury-Mérogis.
Le 17 juin 1999, Michèle Degroote, 49 ans, se pend avec sa ceinture
à la maison d'arrêt d'Avignon. Elle avait déjà
fait plusieurs tentatives de suicide et fait part à plusieurs reprises
de son intention de réitérer son acte. Elle a cependant
été laissée seule en cellule et aucun dispositif
de suivi particulier n'a été mis en place.
Fin décembre 1998, une détenue de 52 ans est retrouvée
pendue au radiateur de sa cellule de la maison d'arrêt de Versailles.
Placée en détention provisoire, elle avait déjà
fait une tentative de suicide en absorbant des médicaments.
Christine Ghodbane se donne la mort le 21 août 1997 au quartier
disciplinaire de la maison d'arrêt de Fresnes, où elle avait
été placée en dépit de l'avis contraire du
psychiatre de l'établissement. Ancienne toxicomane, elle avait
fait sept tentatives de suicide et trois actes d'automutilation
en 10 mois d'incarcération.
Carole Debuine décède le 11 septembre 1997 des suites d'une
encéphalite aiguë au centre hospitalier de Nice où
elle venait d'être évacuée d'urgence. Placée
en détention provisoire en mars 1997 au centre pénitentiaire
de Draguignan, son traitement médical avait été interrompu
depuis son incarcération. Se plaignant de maux de tête incessants,
elle attendait depuis 3 semaines d'être amenée à l'hôpital
pour passer un scanner. Ce déplacement était sans cesse
retardé en raison de la difficulté à lui fournir
une escorte.
Des
mauvais traitements sont constatés au cours du placement
des femmes en garde à vue, en établissement pénitentiaire
ou en centre de rétention.
Marielle Paquet est placée en garde à vue plus de
24 heures entre le 1er et le 2 avril 1997. Elle déclare avoir été
rudoyée, humiliée, fouillée et déshabillée.
Le médecin qu'elle demande à voir à 6 h n'arrive
qu'à 14 h.
En mai 1997, une jeune fille ressort en état de choc et avec un
poignet foulé, donnant lieu à un arrêt de travail
de 3 jours, suite à une garde à vue au commissariat de police
de Chalon-sur-Saône.
Fajra est interpellée le 4 décembre 1997. Comme elle refuse
d'être fouillée par les agents de sécurité,
4 policiers arrivent en renfort. Fajra est injuriée et rudoyée
par les policiers. Une fois au commissariat, elle est poussée dans
les escaliers et menottée à un banc. Sa famille se voit
interdire l'entrée dans le commissariat et la nourriture qu'elle
apporte n'est pas remise à Fajra, qui ne reçoit pas non
plus à boire. Fajra est de nouveau fouillée, cette fois
dans les toilettes par une femme policier. Elle est enfermée dans
une cellule avec des hommes. Pendant ses 48 heures de garde à vue,
elle voit 2 fois un médecin, qui constate divers hématomes
et contusions, et lui administre des médicaments. Ceux-ci sont
systématiquement retirés à Fajra avant qu'elle ait
pu les avaler. Avant qu'elle ne soit relâchée, les policiers
lui font subir une dernière fouille.
Une mission de l'inspection des services pénitentiaires est menée
à la maison d'arrêt de Beauvais, début avril 1998.
L'enquête révèle des injures et des harcèlements
sexuels du directeur de l'établissement à l'encontre des
femmes détenues. Selon le rapport d'inspection, le directeur se
rend très fréquemment au quartier des femmes où il
tient avec les détenues des conversations au caractère sexuel
marqué. Quand il parle des femmes détenues au
personnel de surveillance, c'est en les qualifiant de salopes
ou de putains. Le directeur reconnaît au cours
d'une audition qu'en se rendant au quartier des femmes, il invitait ses
adjoints à venir avec lui se faire sucer. Au
terme de l'enquête, le directeur de l'établissement est révoqué
et six surveillants sont temporairement exclus. Aucun d'entre eux ne fait
l'objet de poursuites pénales, l'affaire ayant été
classée sans suite par le procureur de la République de
Beauvais, qui déclare avoir considéré que
les sanctions disciplinaires et la révocation étaient supérieures
à la sanction qui aurait pu être obtenue à la suite
de poursuites pénales.
Les consultations sous escorte des détenues à l'hôpital
se déroulent souvent dans des conditions portant atteinte à
la dignité. Le 7 septembre 1996, Irène Lopez Riano, détenue
à la maison d'arrêt d'Osny, est conduite à l'hôpital
de Pontoise pour y passer une échographie en raison de douleurs
à l'utérus qui durent depuis deux semaines. Douze policiers
l'attendent devant la prison pour la faire monter dans le fourgon qui
l'emmène à l'hôpital. Pendant le trajet, elle est
menottée aux poignets et entravée aux pieds par des fers
et une chaîne. Une fois à l'hôpital, un policier l'attrape
par la chaîne des menottes et un autre par la veste. Entourée
de dix autres policiers, elle doit marcher rapidement. Devant son refus
de continuer à marcher dans ces conditions, les entraves lui sont
retirées. Au service de gynécologie, la doctoresse demande
que les menottes soient retirées à la patiente afin qu'elle
puisse se déshabiller. Les deux femmes policiers et la surveillante
ne lui libèrent qu'une main et lui attachent l'autre au pied du
lit. La détenue se voit baisser de force le pantalon et la culotte
par les femmes policiers afin d'uriner dans un bassin, car elles refusent
de la détacher. Chaque fois que la porte s'ouvre, les policiers
postés dans le couloir peuvent voir la détenue dénudée
en consultation.

Les procédures d'expulsion
sont régulièrement marquées par des atteintes à
l'intégrité physique des personnes retenues. Les personnes
enfermées au centre de rétention de la gare du Nord à
Paris sont déshabillées et fouillées. Les lacets
et soutiens-gorge sont confisqués. Le 30 avril 1998, une Zaïroise
de 25 ans sous le coup d'une procédure d'expulsion refuse de monter
dans l'avion qui doit la ramener dans son pays. Devant sa résistance,
le commandant de bord s'oppose à son passage. Les 3, 4 et 5 mai,
les policiers tentent à nouveau de la forcer à embarquer.
Elle est bâillonnée, menottée et frappée. En
état de choc, elle est finalement expulsée du territoire
le 7 mai.
Des
violences sexuelles sont commises.
Le 13 septembre 1998, quatre policiers entrent dans la chambre qu'une
jeune femme d'origine marocaine, placée en rétention à
la préfecture de Nanterre, occupe seule. L'un d'eux se masturbe
devant elle, pendant que les trois autres la harcèlent 1 heure
durant. Sa résistance à leurs propositions les fait finalement
partir. Les policiers sont mis en examen le 17 septembre et placés
sous contrôle judiciaire. Ils nient les faits et accusent la jeune
femme de les avoir aguichés.
Le 11 septembre 1998, un policier est condamné à 2 ans de
prison ferme pour avoir agressé sexuellement une femme tunisienne
au cours d'une rétention administrative.
Un agent de la police des frontières est mis en examen fin juillet
1999 pour avoir violé une jeune Allemande dans sa cellule de garde
à vue suite à son interpellation à la gare frontière
de Cerbère, dans les Pyrénées-Orientales. Le 1er
février 1999, 3 surveillants de la maison d'arrêt des hommes
de Fleury-Mérogis sont condamnés à 4 ans de prison,
dont 3 fermes, pour agressions sexuelles contre des détenus travestis
et transsexuels placés au quartier d'isolement en 1995 et 1996.
L'enquête judiciaire révèle que les détenus
devaient, outre les coups et injures subis, se soumettre régulièrement
aux exigences sexuelles des gardiens : sodomie, fellation, masturbation,
exhibitionnisme. Ces pratiques se déroulaient parfois sous la menace
d'un rapport d'incident, qui conduit en cellule de discipline et suspend
les réductions de peine, ou en échange de denrées
alimentaires, d'alcool, de mandats postés de l'extérieur
quand les détenus étaient sans ressources ni aide extérieure.
D'autres surveillants, auteurs d'un viol collectif en septembre 1996,
ne sont jamais inquiétés. La victime refuse de porter plainte
par peur des représailles.
Des violences entre détenues se produisent
à l'intérieur des établissements pénitentiaires.
Le 14 février 1999, Florence Rey, détenue à la maison
d'arrêt de Fleury-Mérogis, est blessée lors d'une
bagarre entre deux groupes de prisonnières dans la cour de promenade.
Elle reste évanouie un long moment et souffre de nombreux hématomes.
Une enquête interne, dont les conclusions ne sont pas rendues publiques,
est ouverte par l'administration pénitentiaire afin de déterminer
les circonstances de l'incident.

Les
personnes en rétention administrative sont placées en centre
de rétention, en zone d'attente ou dans des locaux de police. Elles
n'ont en général pas accès à un lieu de promenade
extérieur, à une salle commune ni à aucune activité.
Elles sont réparties en 277 centres de rétention administrative.
Ces centres reçoivent indistinctement des femmes ou des hommes
en situation irrégulière au regard de la législation
sur les étrangers.
Les personnes étrangères en instance d'éloignement
sont placées en centre de rétention. La durée maximale
de rétention est de 7 jours pour les personnes ayant un passeport
et de 12 jours pour les personnes sans passeport ou représentant
une menace grave pour l'ordre public. Les personnes demandeuses d'asile
à qui est opposé un refus d'entrée sur le territoire
peuvent être maintenues dans les zones d'attente des ports, aéroports
et gares ferroviaires. Leur placement est en principe d'une durée
maximale de 20 jours.
Les conditions sont très variables d'un lieu à l'autre.
Certains centres, comme à Lyon, sont équipés de chambres
plutôt confortables avec w-c et salle de bains, cour en libre circulation,
salle de télévision, table de ping-pong et réfectoire.
D'autres présentent des défaillances aux droits élémentaires.
Les zones d'attente à Brest, Bordeaux, Dunkerque, Nantes et Orly
sont des hôtels. Trois personnes de l'Office des migrations internationales
sont censées assurer une permanence quotidienne. Dans les faits,
elles effectuent souvent un seul passage rapide par jour à l'hôtel
pour voir s'il y a de nouvelles personnes et leur remettre une trousse
de toilette d'urgence et une carte téléphonique.
Elles vendent également quelques produits de première nécessité
comme du savon ou des couches. En 1998, elles n'assurent aucune assistance
juridique ni ne dispensent aucun conseil. Elles se contentent de transmettre
les requêtes aux policiers de garde.
La zone d'attente de Roissy est la plus fréquentée du pays.
L'état des locaux, d'une saleté extrême en 1997, s'aggrave
encore en 1998. Les sanitaires sont hors d'usage. La nourriture distribuée
est insuffisante et de mauvaise qualité. Les conditions de sécurité
électrique ne sont pas respectées. Depuis 1998, les avocats
disposent d'un bureau spécifique pour effectuer leurs visites,
d'une durée maximale de 15 minutes.
Les personnes étrangères en attente de régularisation
ou d'expulsion sont retenues au poste de police de l'aérogare 1
de l'aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle, dans une pièce de
15 m2 sans fenêtre, éclairée au néon et meublée
de 3 bancs et de 2 chaises. Aucun document en langue étrangère
ne leur est remis et elles ne sont pas autorisées à communiquer
avec l'extérieur.
Les personnes en zone d'attente au port de Marseille sont placées
au centre de rétention administrative d'Arenc, aménagé
dans un ancien hangar du port de Marseille. La loi exige pourtant que
les locaux de zone d'attente et les centres de rétention administrative
soient distincts. Les personnes retenues à Arenc sont enfermées
à plusieurs dans des cellules vétustes et sans fenêtre.
Un couloir central, à partir duquel le personnel surveille les
personnes retenues à travers des ouvertures vitrées percées
dans les murs, sépare la zone d'attente du bloc central du centre
de rétention. Les familles sont séparées et aucune
disposition particulière n'est prise pour les enfants et les nourrissons.
Les cellules sont meublées de lits superposés garnis de
matelas en mousse.
Les
règles de séparation entre mineures et majeures ou
prévenues et condamnées ne sont pas respectées. Les
45 mineures détenues au 1er juillet 1999 ne bénéficient
d'aucun quartier spécifique et sont incarcérées avec
les détenues majeures, en dépit d'une législation
contraire qui prévoit que les détenus âgés
de moins de 21 ans doivent être séparés des adultes
(article D. 516 du Code de procédure pénale).
Les femmes prévenues et condamnées sont réparties
dans l'ensemble des maisons d'arrêt. Joëlle Aubron et Nathalie
Ménigon, classées détenues particulièrement
signalées par l'administration pénitentiaire, sont
incarcérées à la maison d'arrêt de Fleury-Mérogis
entre février 1987 et octobre 1999, alors qu'elles auraient dû
être affectées en établissement pour peines depuis
leur condamnation définitive en 1994. Elles sont ainsi privées
des conditions de détention améliorées
des établissements pour peines, notamment de la possibilité
de téléphoner à leur famille.
Les femmes maintenues en zone d'attente ou dans un centre de rétention
sont généralement séparées des hommes pendant
la nuit et parfois pendant la journée. À Nanterre, quatre
femmes peuvent être placées dans une chambre qui ne ferme
pas à clef au milieu des huit chambres réservées
aux hommes.

Soixante-trois
établissements pénitentiaires sur 186 accueillent
des femmes. 39 % des détenues sont incarcérées
dans des établissements accueillant moins de 50 femmes, 22 %
dans des prisons qui accueillent entre 50 et 100 femmes, et 36 %
dans des établissements recevant 100 à 350 détenues.
Seulement trois maisons d'arrêt sont spécialisées
pour les femmes : Fleury-Mérogis, Rennes et Versailles. Dans les
autres maisons d'arrêt, quelques cellules ou un quartier leur sont
réservés. Seuls trois établissements pour peines
accueillent les femmes condamnées à des moyennes ou longues
peines. Ils sont tous situés dans la moitié nord du pays
: Rennes, Bapaume et Joux-la-Ville. Cela pose d'importants problèmes
de maintien des liens familiaux pour les détenues originaires des
régions du sud du pays. Les visites sont inévitablement
plus rares, particulièrement celles des familles à faibles
ressources.
Certains
établissements connaissent des problèmes de surpopulation.
55 femmes sont incarcérées le 1er décembre 1999 à
la maison d'arrêt de Montluc, à Lyon, qui dispose d'une capacité
de 27 places. Au 1er janvier 1999, la maison d'arrêt des femmes
de Fleury-Mérogis accueille 332 détenues pour 230 places
effectives. Son taux d'occupation moyen est de 158 %.
La
taille moyenne des cellules de prison est de 9m2. Les cellules
individuelles des centres de détention sont en général
ouvertes pendant la journée, contrairement aux maisons d'arrêt.
Les détenues de la maison d'arrêt de Dijon sont placées
à deux par cellule.
Les femmes détenues sont tenues de répondre chaque fois
qu'une surveillante les appelle, de jour comme de nuit, et doivent rester
visibles à travers l'illeton. De manière générale,
les surveillantes entrent dans les cellules sans frapper. Les cellules
sont fouillées de façon impromptue chaque fois que
l'administration le juge nécessaire.
Le mobilier d'une cellule de la maison d'arrêt des femmes de Fresnes
se résume à deux lits superposés en métal,
deux tabourets, une table d'environ 1 m, une armoire composée de
deux casiers fermés et de deux ouverts. Les détenues doivent
s'être lavées, habillées, avoir fait leur lit et nettoyé
leur cellule avant de descendre en promenade. Elles subissent une fouille
par palpation à la sortie de la cellule.
Les détenues sont autorisées à posséder cinq
tenues vestimentaires au maximum. Dans certains établissements,
les femmes ne sont pas autorisées à porter des décolletés
ou des tenues trop déshabillées lorsqu'elles se rendent
en cour de promenade ou aux activités, même durant les mois
d'été. À l'exception de l'alliance et des médailles
religieuses, il ne leur est pas permis de conserver des bijoux.
En
complément de leur alimentation, les détenues peuvent
acheter au magasin interne de l'établissement (cantine) un certain
nombre de produits de base. Dans certains établissements, les femmes
ne peuvent pas cantiner de la bière alors que les détenus
du quartier des hommes en ont la possibilité. À la maison
d'arrêt de Montluc, à Lyon, les détenues se plaignent
de la qualité et du manque de variété de la nourriture,
composée principalement de pâtes et de pommes de terre. Elles
évoquent des troubles de l'alimentation : anorexie, boulimie,
vomissements.
Pour les personnes retenues dans les zones d'attente ou les postes de
police, la distribution des repas est irrégulière, voire
non assurée certains jours.
L'hygiène
des détenues est garantie par une douche de 10 minutes, à
laquelle elles ont droit en principe trois fois par semaine. Les détenues
qui travaillent ou font du sport sont souvent autorisées à
prendre des douches supplémentaires. Les douches sont collectives
et ne disposent pas de porte. Chaque cellule comporte un lavabo, parfois
uniquement à l'eau froide. Les w-c n'ont pas toujours de dispositif
de séparation du reste de la cellule. Certaines détenues
de la maison d'arrêt de Montluc, à Lyon, qui sont à
plusieurs en cellule, présentent des troubles intestinaux induits
par une tendance à différer l'accomplissement des besoins
naturels, en raison du manque d'intimité des toilettes.
Dans les zones d'attente ou les postes de police, les personnes sont retenues
dans des locaux insalubres. L'accès aux toilettes n'est pas libre
et il faut appeler un agent pour s'y rendre. La fréquentation des
douches n'est pas toujours possible.

Une
étude du ministère de l'Emploi et de la Solidarité
publiée en janvier 1999, montre que les femmes détenues
requièrent plus de soins que les hommes. Les proportions
d'entrantes déclarant au moins un résultat positif aux tests
de dépistage du sida, de l'hépatite B ou C sont plus
importantes chez les femmes détenues (9,6 %, contre 6,4 %).
La nécessité d'une prise en charge psychiatrique apparaît
également plus fréquente : 13 % des femmes déclarent
avoir eu un suivi ou une hospitalisation psychiatrique dans l'année
précédant l'incarcération.
70 % des détenues de la maison d'arrêt de Fresnes sont
toxicomanes, pour un établissement qui compte 78 détenues
au 1er janvier 1999. Seulement 2 % des personnes détenues bénéficient
d'un traitement de substitution (méthadone ou Subutex) en
prison, alors que l'on compte entre 30 et 40 % d'usagers de drogue au
sein de la population carcérale globale, selon une enquête
de la Direction générale de la santé réalisée
en mars 1998. Des traitements de substitution commencés à
l'extérieur sont interrompus par des médecins qui imposent
ainsi aux détenues un sevrage brutal, en dépit des préconisations
de 2 circulaires du 3 avril 1996 et du 5 décembre 1996 qui prévoient
la poursuite des traitements et même la possibilité de les
commencer en prison. Dans 44 établissements pénitentiaires,
aucun traitement de substitution n'est dispensé.
Le taux de prévalence du VIH au sein de la population détenue,
hommes et femmes confondus, est estimé à 1,9 % en 1996,
ce qui représente 1 113 personnes atteintes et une proportion
de 3 à 4 fois plus élevée qu'à l'extérieur.
Ce taux est cependant en net recul depuis 1990 (5,8 %). Il est plus
important chez les femmes détenues que chez les hommes. Dans un
rapport rendu public le 26 janvier 1999, le Conseil national du sida dénonce
de nombreux cas d'interruption des soins en garde à vue et dans
les centres de rétention. Il relève notamment cinq cas de
rupture de traitement en 1997 au centre de rétention d'Arenc. Ces
situations présentent de graves dangers pour les personnes atteintes
par le virus du sida, toute interruption de traitement pouvant rendre
le virus résistant aux médicaments.
Un seul service médico-psychologique régional,
qui comporte neuf places à Fleury-Mérogis, est prévu
pour l'ensemble des femmes détenues en France. La plupart des femmes
qui présentent des pathologies mentales sont maintenues
en détention.
Yannick J. A. est gardée en détention en octobre 1999 à
la maison d'arrêt de Montluc, à Lyon, bien qu'elle soit invalide
à 80 % en raison d'une polyarthrite rhumatoïde et qu'elle
présente de graves troubles mentaux. Lors d'une visite au
parloir, elle ne reconnaît pas sa mère. Elle bénéficie
d'un suivi psychiatrique insuffisant et prend des neuroleptiques.
Marie Rabillat, détenue à la maison d'arrêt des Baumettes,
à Marseille, en mars 1999, a vu sa détention provisoire
interrompue en juillet 1990 par une mesure d'internement d'office en hôpital
psychiatrique, qui durera 5 ans. Condamnée en 1995 à une
peine de réclusion criminelle de 12 ans, elle serait libérable
en 1999 si les 5 années d'internement étaient comptabilisées
comme faisant partie de sa période de détention provisoire.
Mais elle n'est considérée comme libérable qu'en
2003, soit 13 ans après avoir été écrouée.
Toute consultation médicale nécessite
une demande écrite de la détenue, à laquelle elle
n'obtient pas toujours de réponse. Les femmes sont rarement averties
de possibilités d'aménorrhées réactionnelles
(absence de règles), pourtant fréquentes en détention.
Les détenues utilisant une contraception orale sont souvent confrontées
à un arrêt de ce traitement en raison de la lourdeur des
procédures d'obtention des plaquettes de pilules.
Les
détenues enceintes et celles qui élèvent leur
enfant en prison jusqu'à l'âge de 18 mois doivent en principe
bénéficier de conditions de détention appropriées.
Lorsqu'il s'agit de prévenues, le magistrat en charge du dossier
peut autoriser leur transfert dans un établissement comportant
un quartier spécialement aménagé (article D. 401
du Code de procédure pénale).
Pour leur accouchement,
les détenues sont transférées dans un hôpital
public où elles restent en principe trois jours, sauf en cas de
complications. Certaines femmes sont menottées et/ou entravées
pendant leur transfert à l'hôpital. Certaines accouchent
avec une main ou une jambe attachée au lit. Les femmes de la maison
d'arrêt de Montluc accouchent à l'hôpital en présence
du surveillant-chef. En 1999, une détenue a dû conserver
des menottes pendant la période du travail et accoucher en présence
de deux policiers qui lui faisaient des réflexions sexistes et
humiliantes. Elle a réintégré la maison d'arrêt
2 à 3 heures après l'accouchement, sans avoir eu le temps
de se reposer.
L'enfant
né avant ou pendant la détention de sa mère
peut être laissé à la garde de celle-ci jusqu'à
l'âge de 18 mois. La limite d'âge peut être reculée
à la demande de la mère et sur décision du directeur
régional des services pénitentiaires. En pratique, le séjour
moyen des enfants en prison est de 7 à 8 mois. 80 % des enfants
sortent avec leur mère, la séparation de l'enfant et de
la mère ayant lieu pour les condamnées à des longues
peines ou lorsque la mère décide de faire sortir l'enfant
avant le terme de 18 mois. En cas de séparation, l'enfant est le
plus souvent pris en charge par la famille de la mère ou le tuteur
de l'enfant désigné par la mère. 10 % des enfants
séparés sont placés en famille d'accueil ou dans
un foyer de la Direction régionale des affaires sanitaires et sociales.
Dans les 6 mois qui suivent son départ, l'enfant peut aussi être
admis à séjourner en prison auprès de sa mère
pour de courtes périodes.
Vingt-trois établissements pénitentiaires accueillent environ
60 enfants âgés de moins de 18 mois chaque année.
En principe, les détenues qui élèvent leur enfant
en détention doivent être placées dans des locaux
spécialement aménagés. Deux maisons d'arrêt
disposent d'une nursery : Fleury-Mérogis et Montluc.
Huit établissements disposent d'1 à 6 cellules aménagées
pour les mères et leurs enfants, avec souvent une salle commune
appelée la pouponnière : Marseille, Loos,
Nîmes, Rennes, Nantes, Nice, Dijon et Toulouse. Les autres mères
se retrouvent incarcérées dans des locaux non prévus
à cet effet et parfois livrées à elles-mêmes
dans un quartier isolé d'une petite prison, sans aucune assistance.
Dans les établissements spécialisés,
les mères et leurs enfants peuvent circuler la journée dans
le quartier qui leur est réservé. À Fleury-Mérogis,
les cellules sont ouvertes de 8 h 30 à 11 h 30 et de 15 h à
18 h ; à Lyon, de 7 h à 19 h. Après la fermeture
des portes, les détenues restent enfermées en cellule avec
leur enfant jusqu'au lendemain matin. Dans les autres établissements,
les mères peuvent passer jusqu'à 23 heures sur 24 en cellule
avec leur enfant. Celui-ci n'a cependant pas le statut de détenu
et peut sortir définitivement ou temporairement à la demande
de sa mère. Les enfants subissent une fouille complète
à chaque entrée et sortie de l'établissement pénitentiaire.
Les personnes étrangères accompagnées d'enfants et
les mineur(e)s isolé(e)s retenus à l'aéroport de
Roissy sont placés au premier étage de l'hôtel Ibis,
le plus souvent à 2 par chambre. Aucun aménagement spécifique
n'est prévu pour l'accueil des enfants. La surveillance médicale
est inadaptée et insuffisante. Les couches et autres produits nécessaires
à l'hygiène des enfants doivent être achetés.
L'Association nationale d'assistance aux frontières pour les
étrangers (ANAFÉ) estime, dans son rapport 1996-1997,
que l'accueil des familles avec de jeunes enfants s'effectue dans des
conditions anormales et dangereuses.
Un
décret du 2 avril 1996, modifiant certaines dispositions du Code
de procédure pénale, réforme le régime
disciplinaire des prisons. Les détenues ayant commis des fautes
disciplinaires comparaissent devant une commission de discipline interne
présidée par le chef d'établissement ou une personne
qu'il a déléguée. Les fautes sont classées
par degré de gravité. Les sanctions encourues sont l'avertissement,
l'interdiction de recevoir des subsides, la privation de cantine (achats),
le confinement en cellule ordinaire et le placement en cellule de discipline
(mitard), lequel ne peut excéder 45 jours. Des sanctions
spéciales sont également prévues : la mise à
pied ou le déclassement d'un emploi ou d'une formation, la privation
d'accès au parloir sans dispositif de séparation, la privation
d'activités, l'exécution d'un travail de nettoyage ou de
réparation. Lors de sa comparution devant la commission de discipline,
la personne détenue n'est pas assistée d'une tierce personne
ou d'un avocat. Elle peut exercer un recours contre la sanction disciplinaire
devant le directeur régional, puis devant le tribunal administratif.
Ce recours n'est pas suspensif de l'exécution de la sanction, si
bien que les jours de cellule disciplinaire auront été effectués
depuis longtemps au moment de la décision de justice.
Edurne Sanchez del Arco, qui souffre de claustrophobie, est placée
10 jours en cellule disciplinaire en 1997 à la maison d'arrêt
de Fresnes. Comme elle refuse d'aller au mitard, elle y est amenée
de force, tenue par les bras et les jambes par le sous-directeur, un gradé
et 4 surveillantes. En cellule de discipline, elle est déshabillée
de force par les surveillantes, qui lui confisquent son soutien-gorge
et sa montre. Mme Arco entame une grève de la faim dont elle informe
le sous-directeur par écrit. Elle reçoit du service médical
2 cachets pour sa claustrophobie, qui sont si forts qu'elle perd l'usage
de ses sens après en avoir pris un seul. Elle a des cigarettes,
mais ne reçoit de quoi les allumer qu'au bout de cinq jours. Pendant
ses 10 jours de cellule de discipline, l'administration ne lui remet pas
de linge ni de vêtements, notamment pour dormir. Elle n'obtient
des serviettes hygiéniques qu'un jour après le début
de ses règles.

Des
femmes sont placées en cellule de discipline ou transférées
suite à des actes de protestation ou de revendication. En
raison de restrictions budgétaires à la maison d'arrêt
de Dijon en 1998, les détenues qui travaillent n'ont plus droit
qu'à une douche tous les 2 jours, alors qu'elles pouvaient auparavant
se laver quotidiennement. De plus, la température de l'eau est
anormalement élevée durant les 6 mois de travaux à
la maison d'arrêt des hommes, qui nécessitent de couper l'eau
froide. Le 7 janvier, des détenues font connaître leur mécontentement
par les fenêtres des cellules. Une détenue responsable du
travail pénal, Christelle G., se joint à la protestation
en refusant de remplir les documents nécessaires aux livraisons
et au travail en atelier. Le travail est suspendu. Le jour même,
des travaux de réparation des douches des femmes sont entamés.
Le 13 janvier, Mme G. est transférée à la maison
d'arrêt de Châlons-en-Champagne, comme tout(e) détenu(e)
ayant joué un rôle important dans un mouvement de contestation.
Ce transfert disciplinaire l'éloigne de plus de 300
kilomètres de sa famille. Un mois plus tard, elle est de nouveau
transférée, cette fois à la maison d'arrêt
de Fresnes, ce qui accentue encore son éloignement.
Les personnes retenues à la zone sous-douane de l'aérogare-1
de l'aéroport de Roissy se mettent en grève de la faim en
décembre 1997 pour protester contre les conditions de leur rétention
au poste de police. Les hôtels Ibis et Cocoon de la zone d'attente
de l'aéroport étant complets, la vingtaine de personnes
qui protestent vivent dans deux pièces du poste de police, d'une
surface de 12 m2 chacune, éclairées 24 heures sur 24 par
des néons. Les pièces sont sales, meublées d'une
table et de trois bancs. La journée, la porte reste ouverte pour
permettre aux policiers de surveiller. Il est impossible de se doucher.
Les policiers ne sont pas assez nombreux pour accompagner tout le monde
jusqu'au téléphone.
Les
femmes détenues ne doivent en principe être surveillées
que par des personnes de leur sexe. Les agents masculins du personnel
peuvent seulement accéder aux locaux que les détenues occupent
sur autorisation du chef d'établissement (article D. 248 du Code
de procédure pénale). En pratique, le personnel des prisons
de femmes est composé depuis quelques années de gradés
hommes. Ils ne sont en général pas directement au contact
des détenues, ne doivent pas circuler dans les couloirs, regarder
dans les illetons ni effectuer les fouilles. À la maison
d'arrêt des femmes de Fresnes, le personnel de surveillance est
majoritairement féminin et le personnel gradé essentiellement
masculin. Le ratio personnel de surveillance/détenue est de 1,93
en octobre 1998 à Fleury-Mérogis.
En mars 1999, une surveillante et une détenue du centre pénitentiaire
de Rennes sont condamnées à respectivement 1 et 2 mois de
prison avec sursis. La gardienne s'était liée d'amitié
avec la détenue condamnée à perpétuité
et lui avait prêté un téléphone portable pour
qu'elle puisse appeler dans ses moments d'angoisse la nuit. Au cours de
l'audience, la détenue affirme que c'est grâce à l'aide
de cette gardienne qu'elle n'a jamais tenté de mettre fin à
ses jours. Un mois plus tard, la cour d'appel de Rennes alourdit la peine
de la surveillante en la condamnant à 6 mois de prison avec sursis
et en lui interdisant d'exercer désormais sa profession.
Des religieuses sont présentes
dans la plupart des établissements pénitentiaires pour femmes.
Elles occupent des fonctions de bibliothécaires, d'assistantes
sociales, de lingères, d'enseignantes ou d'infirmières.
Elles interviennent auprès des détenues en habit religieux.
À la maison d'arrêt des femmes de Fleury-Mérogis,
la congrégation des surs Marie-Joseph-de-la-Miséricorde
assure essentiellement la formation professionnelle des détenues.
Certaines surs retirent, en 1998, les préservatifs du paquetage
remis aux détenues à leur sortie.

Les
relations avec l'extérieur sont placées sous la responsabilité
du chef d'établissement pour les condamnées et sous celle
du juge d'instruction pour les prévenues. Le magistrat en charge
de l'affaire contrôle également la correspondance des prévenues
et peut retenir des courriers pour le dossier judiciaire. Le courrier
envoyé et reçu par l'ensemble des détenues est lu
et peut être retenu par le personnel chargé du contrôle
des correspondances. Le juge d'instruction peut également prescrire
à l'encontre des personnes placées en détention provisoire
une interdiction de communiquer (ni courrier ni visite) pendant une période
de 10 jours, renouvelable une fois.
Le centre pénitentiaire des Baumettes à Marseille comprend
un espace mères-enfants aménagé pour
les visites des enfants à leur mère incarcérée.
Cet espace permet aux mères de rencontrer leurs enfants pour des
visites d'une durée de 2 h 30, contre une demi-heure
dans les parloirs ordinaires. Le local permet aux mères d'offrir
un goûter aux enfants, de les langer ou de fêter des anniversaires.
Les enfants qui ne peuvent se rendre régulièrement à
la prison en raison de l'éloignement de leur domicile ont la possibilité
de rester une journée entière avec leur mère.
La Cimade est la seule association habilitée à exercer une
permanence dans 13 centres de rétention administrative sur 16.
Elle rencontre et conseille les personnes étrangères retenues
dès leur arrivée, notamment dans leurs recours contre les
mesures d'éloignement du territoire dont elles font l'objet.
Au
1er juillet 1999, 17 % des femmes incarcérées sont
des illettrées déclarées, 44 % ont un
niveau scolaire primaire et 39 % ont une instruction secondaire
ou supérieure.
Dans chaque établissement pénitentiaire, les détenues
peuvent avoir accès à une scolarité, mais celle-ci
n'est pas toujours adaptée à leur niveau. Par ailleurs,
2 structures d'enseignement par correspondance sont accessibles aux détenues
: le Centre national d'enseignements à distance (CNED) et Auxilia.
Les frais d'inscription au cned peuvent être en partie pris en charge
par l'administration pénitentiaire.
L'administration
pénitentiaire doit en principe prendre les dispositions nécessaires
afin qu'un travail productif et suffisant pour occuper la durée
normale d'une journée de travail soit fourni aux détenues.
En pratique, peu de femmes détenues se voient proposer un travail,
alors qu'il représenterait pour certaines le seul moyen d'obtenir
des ressources. Aucun contrat de travail n'est possible entre les détenues
et leur employeur, qu'il soit privé ou public. Les concessionnaires
privés versent une somme à l'administration pénitentiaire,
qui se charge de la distribuer aux détenues. La législation
du travail ne s'applique pas aux détenues, qui n'ont aucune garantie
sociale en cas de perte de leur travail, aucune possibilité de
recours en cas d'abus de la part de l'employeur, bien que les cotisations
sociales soient prélevées sur leurs rémunérations.
Le travail peut être payé à la pièce, ce qui
est interdit en droit du travail français. Des prisonnières
plient des pochettes à 0,008 centime l'unité. Le travail
effectué est souvent répétitif, peu formateur, correspondant
à des secteurs traditionnellement réservés aux femmes
et aux stéréotypes de la femme mère/épouse.
À la maison d'arrêt de Montluc, à Lyon, une dizaine
de détenues sur une cinquantaine ont régulièrement
un travail. Il s'agit essentiellement d'activités de lingerie,
de repassage, de ménage et de confection de bijoux. Les détenues
perçoivent entre 100 et 700 francs net par mois. Durant deux mois
d'hiver en 1998 à Montluc, un atelier de travail a été
dépourvu de chauffage. Selon l'administration pénitentiaire,
cette absence de chauffage était consécutive à
une panne ayant nécessité le remplacement d'une pièce.
Dans
les établissements non spécialisés pour accueillir
des femmes, très peu d'activités leur sont proposées.
Les détenues passent presque toute la journée en cellule,
à l'exception de l'heure de promenade quotidienne. Dans les plus
importantes prisons pour femmes, les activités sont nombreuses,
mais elles cantonnent souvent les détenues dans des domaines traditionnellement
féminins : patchwork, crochet, couture, cuisine, composition florale,
maquillage, etc.
À la maison d'arrêt de Montluc, à Lyon, une intervenante
propose aux femmes de la culture physique. Des formations en repassage,
tricot, couture et informatique sont proposées en fonction des
places disponibles.
Grâce à une convention passée entre une troupe de
théâtre et le centre pénitentiaire de Rennes, des
cours de théâtre sont régulièrement proposés
aux détenues. Les mères incarcérées dans cet
établissement avec leur enfant vivent totalement séparées
des autres détenues et ne peuvent accéder à aucune
activité. À Fleury-Mérogis, Lille, Dijon, Lyon et
Nantes, elles sont au contraire encouragées à s'engager
dans d'autres activités que la garde de leur enfant. Des efforts
sont faits pour multiplier les prises en charge des enfants certains jours,
dans des crèches ou des écoles extérieures, en partenariat
avec les professionnels de la petite enfance et des associations.
Les
femmes ont plus souvent accès aux aménagements de peine,
à savoir diverses formes de libération anticipée,
que les hommes détenus. Sur 4 087 femmes libérées
en 1997, 39,9 % sont sorties en fin de peine, contre 62,9 %
des hommes. 9 % des femmes sont sorties en libération conditionnelle,
contre 6,5 % des hommes.
Dans le cadre d'un placement à l'extérieur, des détenues
purgent parfois la fin de leur peine à l'extérieur, encadrées
individuellement par des éducatrices ou éducateurs. Les
personnes placées à l'extérieur sont hébergées
et placées en entreprise ou en centre de formation. Une dizaine
de détenues, sélectionnées sur dossier par le juge
de l'application des peines, bénéficient chaque année
de cette mesure au centre pénitentiaire de Rennes.
Des réductions de peine peuvent également être accordées
chaque année, en fonction de la conduite des détenues. Ces
dispenses d'exécuter une partie de la peine ne peuvent pas excéder
2 ou 3 mois par an. Le juge de l'application des peines peut décider
d'accorder une mesure de semi-liberté à une condamnée
afin de lui permettre d'exercer une activité professionnelle ou
une formation à l'extérieur. La bénéficiaire
de cette mesure sort chaque jour de l'établissement pénitentiaire
pour son activité et rentre le soir en prison.
Une libération conditionnelle peut être envisagée
à partir de la moitié de la peine pour les personnes condamnées
présentant des gages sérieux de réadaptation
sociale. Elle s'accompagne de mesures de suivi et de contrôle
pendant un délai d'épreuve qui peut se prolonger au-delà
de la fin de peine. Elle est décidée par le juge de l'application
des peines pour les personnes condamnées à des peines de
moins de 5 ans et par le ministre de la Justice pour les peines de plus
de 5 ans. Aucun recours n'existe contre une décision de refus.
En février 1999, l'association Recherches, confrontations
et projets rend publiques 15 propositions pour une réforme
de l'application des peines. Ce groupement de personnes du domaine de
la recherche et de la justice se fixe pour objectif de faire comprendre
à l'opinion publique que les mesures de libération anticipée
permettent de mieux prévenir la récidive.

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