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La
population carcérale féminine représente 5 %
de la population carcérale globale. Le nombre de femmes emprisonnées
double entre 1993 et 1999. Le chiffre actuel de la population carcérale,
de 3 356 au 7 avril 2000, est le plus élevé depuis 1905.
Tandis que la population carcérale globale a augmenté de
30 % entre la fin de 1992 et le 1er décembre 1995, le nombre
de prisonnières a crû de 57 % pendant la même
période. De plus en plus de femmes sont condamnées : leur
nombre a augmenté de 76 % entre 1993 et 1997, c'est-à-dire
un taux de croissance plus du double de celui des hommes. Les femmes commettent
20 % de l'ensemble des délits et crimes. Au cours des 8 prochaines
années, ce chiffre devrait augmenter de 15 %, soit 3 fois
plus que pour les hommes.
Les caractéristiques de la population carcérale féminine
sont les suivantes : 40 % des détenues ont commis un délit
pour la première fois. Pour 70 % d'entre elles, il s'agit de la
première incarcération. 26 % des femmes prévenues
sont condamnées par la suite à une peine de prison. Elles
ont passé en moyenne 41 jours en détention provisoire. En
janvier 1999, 142 femmes sont condamnées à perpétuité,
dont 5 jeunes femmes. Deux tiers des détenues ont moins de 30 ans.
Le nombre de mineures incarcérées et la durée de
leur détention s'accroissent continuellement. 491 mineures entre
15 et 21 ans sont détenues au 7 avril 2000. Leur nombre augmente
de 175 % entre 1992 et 1996. Le 26 mars 1997, une adolescente de 17 ans
est condamnée à la prison à vie par un tribunal de
Manchester pour un crime commis à l'âge de 12 ans. De plus
en plus de mineures sont envoyées en prison pour des délits
mineurs comme des bagarres.
Les étrangères représentent une proportion
plus importante chez les détenues femmes : 24 % de la population
carcérale féminine, contre 16 % chez les hommes. Fin
janvier 1999, 464 migrantes sans titre, dont 9 de moins de 21 ans, sont
détenues.
Le non-paiement d'amendes est un motif de condamnation
à la prison. Les deux tiers des condamnations pour non-paiement
de la redevance de télévision sont infligées à
des femmes. Des cas de prostitution d'enfants sont traités comme
des délits criminels. Près de 4 000 jeunes de moins
de 18 ans, pour la plupart des filles, sont condamné(e)s entre
1989 et 1996 pour s'être prostitué(e)s.
En juin 1996, 55 % des femmes noires condamnées et 42 %
des femmes originaires d'Asie du Sud sont détenues à la
prison de Holloway pour avoir enfreint la législation sur les
stupéfiants. La plupart de ces femmes sont incarcérées
pour avoir transporté de la drogue sans en être elles-mêmes
dépendantes. Le Royaume-Uni applique la double peine : les
étrangères sont expulsées après avoir purgé
une peine de prison.

Dans les prisons anglaises, trois détenues
se suicident et une autre meurt de causes naturelles, en 1998.
Quatre femmes décèdent entre 1996 et 1997. Six jeunes femmes
se suicident en 18 mois à la prison écossaise de Cornton
Vale entre 1995 et 1996.
Les enquêtes sur les décès survenus en prison sont
internes. Elles ne sont pas supervisées par l'ombudsman
des prisons. Leurs résultats ne sont pas rendus publics. Les familles
ne sont souvent pas suffisamment informées sur les circonstances
des décès.
Les
tests de dépistage de drogue, obligatoires dans tous les
établissements pénitentiaires, constituent un véritable
traitement dégradant. Les détenues doivent uriner
en présence d'un membre du personnel. Tout refus est traité
comme un résultat positif et sanctionné. Les tests peuvent
provoquer chez les détenues des remémorations d'abus sexuels
anciens. 22 % des femmes incarcérées ont été
abusées sexuellement avant l'âge de 18 ans, contre 6,2 %
des hommes, en mai 1997. De nombreuses détenues préfèrent
être sanctionnées tant cette expérience leur apparaît
humiliante.
Toutes les femmes sont menottées avant et après l'accouchement,
jusqu'en janvier 1997, date à laquelle cette disposition est modifiée.
Certaines femmes sont encore enchaînées lorsqu'elles se rendent
à un enterrement ou à un interrogatoire.
Une prisonnière enceinte reste menottée à des agents
alors qu'elle est transférée à l'hôpital pour
une échographie de routine en 1997. Les menottes lui sont enlevées
seulement lorsqu'elle est allongée sur le lit et parce que le radiologue
insiste.
Theresa McDonagh, enceinte de 4 mois et demi, aurait été
menottée à une autre prisonnière et à un radiateur
avant d'être entendue au tribunal, le 27 janvier 1998.
Róisn McAliskey, enceinte au moment de son arrestation en novembre
1996, est cataloguée comme prisonnière particulièrement
dangereuse (catégorie A). Elle est détenue en isolation
totale pendant 6 jours dans une cellule insalubre du quartier de haute
sécurité d'une prison réservée aux hommes,
avant d'être transférée à Holloway. Seule prisonnière
de la catégorie A dans cette prison, elle se voit interdire tout
contact avec les codétenues. Elle est fouillée au moins
75 fois en 3 mois, également avant et après chaque visite,
bien qu'elle n'ait droit à aucun contact physique. La nuit, la
lumière électrique est allumée toutes les heures
lors des contrôles de sécurité. Son seul accès
à l'exercice en plein air est le toit de la prison. Celui-ci est
d'une petite surface, couvert de grilles métalliques ne laissant
pas entrer suffisamment la lumière naturelle. Elle est obligée
de grimper pour y accéder, alors qu'elle est dans un état
de grossesse avancée. Elle ne reçoit pas les soins médicaux
que nécessite son état de santé. Elle a développé
une ostéoporose pendant son incarcération, ainsi qu'un traumatisme
mental.
Des plaintes pour harcèlement
sexuel et conduites criminelles au sein de la police métropolitaine
londonienne sont déposées. Des officiels de la police engagent
des enquêtes concernant une centaine de cas.
Un agent de la prison de Risley est suspendu en janvier 1998. Il est accusé
d'un viol et de trois cas de harcèlement à l'encontre de
détenues.
Un surveillant a été licencié à Holloway après
avoir soudoyé une détenue avec de la nourriture et du tabac
afin qu'elle dénude ses seins. Il la regardait par le judas et
se masturbait.

Des
systèmes hiérarchiques peuvent se mettre en place entre
les détenues. Des groupes de femmes, organisés en gangs,
montent des trafics et des rackets. Ils ont recours à la violence
sous forme d'agressions directes (menaces, usage de la force, intimidation,
insultes verbales et sifflets) et indirectes (commérage, exclusion
des activités sociales). Des bagarres violentes entre détenues
sont signalées.
Des harcèlements et des viols entre détenues sont
dénoncés dans plusieurs prisons, dont Bullwood Hall, Holloway
et Risley, sur des codétenues suspectées de cacher de la
drogue dans leur vagin ou leur anus. Des objets comme des fourchettes
sont utilisés lors de ces viols. Des détenues en possession
de tranquillisants prescrits par un médecin se voient maltraitées
par les autres, qui cherchent les médicaments pour se droguer.
Les détenues gardent souvent le silence, de peur d'être encore
plus tyrannisées.
Certaines catégories de détenues sont plus susceptibles
d'être exposées à la violence : celles condamnées
pour violence ou délits sexuels à l'encontre d'enfants,
celles qui ont chargé les personnes jugées en
même temps qu'elles pour se décharger lors de l'audience.
Certaines femmes de tendance hétérosexuelle
deviennent homosexuelles en détention. Les relations homosexuelles
entre détenues sont tolérées dans une certaine mesure
par les autres prisonnières et par le personnel. Le règlement
prévoit que des femmes ayant de telles relations puissent être
séparées pour maintenir l'ordre et la discipline. Elles
sont passibles d'une punition de mise en isolement de 14 jours.
Les
femmes détenues pour cause de situation irrégulière
sont enfermées en attendant qu'il soit statué sur leur sort.
Entre 90 et 100 femmes en moyenne sont ainsi détenues à
la prison de Holloway, aux centres de Harmondsworth (près de l'aéroport
de Heathrow) et de Tinsley House (près de l'aéroport de
Gatwick) ou dans des postes de police. La capacité d'accueil à
Tinsley (28 places) est toujours atteinte à 100 %. Aucun texte
spécifique n'existe concernant le traitement des personnes demandeuses
d'asile dans les prisons ou les centres de détention. Le personnel
manque de compétences spécifiques à leur égard.
Selon l'Immigration Act de 1971, la durée de la détention
administrative n'est pas limitée. Sa durée moyenne est de
152 jours. Elle peut durer plus d'un an. Les détenues n'ont aucune
possibilité de recours devant un tribunal en ce qui concerne leur
détention. Contrairement aux personnes accusées d'un délit
criminel, les personnes demandeuses d'asile ne reçoivent pas obligatoirement
de déposition écrite spécifiant la raison de leur
détention. Elles n'ont pas systématiquement le droit de
formuler une demande de libération sous caution.
Les Prison Rules de 1964 prévoient
la séparation des femmes et des hommes (article 9). Les
détenues majeures ne sont pas séparées selon leur
âge et la gravité du délit commis.
Le principe de séparation entre les détenues majeures et
les détenues mineures n'est pas toujours respecté. Aucune
institution n'est réservée aux mineures. Celles-ci sont
détenues dans des cellules distinctes au sein des prisons pour
femmes majeures (4). Elles
partagent avec les adultes l'usage des lieux communs. Dans certaines prisons,
quelques prisonnières âgées de 40 à 50 ans
sont placées dans des cellules de mineures, censées avoir
une influence positive sur elles. Des cas sont dénoncés
de détention de filles mineures dans les mêmes cellules
que des femmes condamnées pour des violences et délits sexuels
à l'égard d'enfants, dont celui d'amener des filles de 15
ans à la prostitution. Les mineures sont parfois enfermées
18 heures par jour en cellule avec les adultes, en raison du manque de
personnel.

Onze
établissements détiennent uniquement des femmes (5),
cinq sont des prisons pour hommes dans lesquelles une section est réservée
aux femmes (6). Un nombre limité
d'établissements reçoit des détenues en attente de
jugement : Brokehill, Eastwood Park, Holloway, Low Newton, New Hall, Risley.
Les prisons accueillant des femmes sont d'importance très variable.
La prison de Holloway est la seule spécialement aménagée
pour recevoir des détenues femmes. C'est la plus grande prison
pour femmes d'Europe occidentale, avec une capacité d'accueil de
532 places. Elle est soumise à une grande fluctuation : deux tiers
des prisonnières y sont détenues pour 1 mois environ.
L'aile H de la prison de Durham est un quartier de haute sécurité
à l'intérieur d'une prison fermée qui accueille 850
hommes. Entre 40 et 50 femmes purgeant des longues peines et autant purgeant
des courtes peines y sont détenues. Elles peuvent souffrir de claustrophobie,
notamment en raison de l'aménagement de l'aile et parce qu'elles
n'ont pas le droit d'aller dans d'autres parties de la prison, à
l'exception du centre médical. Pendant leur promenade dans la cour,
elles ne sont pas protégées des regards des détenus
hommes.
Les transferts entre les différents
établissements, à l'hôpital et au tribunal, s'effectuent
dans des véhicules délabrés. Chaque prisonnière
est enfermée dans une cellule individuelle du véhicule,
de dimensions très réduites. Assise sur un banc dur, elle
peut à peine bouger. La pluie entre dans certaines cellules. Aucun
dispositif n'est prévu pour les mères transférées
avec leurs enfants. Elles doivent les tenir dans les bras pendant tout
le trajet. Des femmes enceintes de 7 mois sont amenées au tribunal
dans de tels véhicules. Les détenues trouvent des taches
de sang et des odeurs d'urine. L'escorte peut décider que le trajet
se fasse sans pause toilettes. Les femmes n'ont pas de possibilité
de lui signaler quoi que ce soit. Des femmes voyagent ainsi de Holloway
à Durham pendant 6 heures d'affilée.
Certaines prisons sont touchées par
la surpopulation. Des dortoirs de la prison de East Sutton Park
sont d'une taille insuffisante. Les cellules de Low Newton, prévues
pour une personne, sont toutes partagées par deux détenues.
Selon
les établissements, l'hébergement peut se faire en cellule
individuelle, en cellule collective ou encore en dortoir. Winchester est
la seule prison où les détenues possèdent la clef
de leur cellule. Les cellules ne sont pas assez chauffées à
Durham.
Les règlements internes notifient tous les objets qu'une détenue
peut posséder, ainsi que la quantité. Tout article ne figurant
pas dans la liste est interdit, comme les draps de lit, le chewing-gum,
l'encens. Ces listes varient sensiblement entre les différents
établissements. Les détenues transférées de
façon répétée ne sont pas informées
des objets autorisés dans la nouvelle prison.
Les
coutumes alimentaires des femmes originaires de minorités
ethniques sont rarement prises en compte.
Les détenues de Brockhill et de Durham ont rarement la possibilité
de prendre leurs repas en commun.
Les
conditions d'hygiène varient d'un établissement à
l'autre et au sein de chacun. Celles des nouvelles arrivantes sont particulières :
les cellules réservées aux entrantes à Foston Hall
sont dépourvues de sanitaires. Les prisonnières ne peuvent
ni aller aux w-c la nuit, ni utiliser un pot de chambre. Dans toutes les
prisons, les femmes indigentes qui entrent en prison et qui n'ont pas
de soutien extérieur doivent attendre une semaine avant de pouvoir
recevoir des vêtements propres.
Les dispositifs sanitaires ne permettent souvent pas de préserver
l'intimité. Dans de nombreuses cellules, les w-c sont situés
immédiatement à côté de la porte, visibles
aux agents de surveillance lors de leurs contrôles par le judas.
Les détenues reçoivent des serviettes hygiéniques.
Elles doivent échanger leurs serviettes usagées contre des
serviettes propres.
En novembre 1998, l'eau est coupée pendant 36 heures à Risley.
Les détenues sont responsables de l'entretien et du lavage de leurs
vêtements, à Holloway. Le règlement intérieur
prévoit qu'elles peuvent posséder jusqu'à six tenues
différentes. Les bagues avec pierre ne sont pas autorisées.
Il est interdit aux prisonnières de prêter ou de donner leurs
vêtements ou tout autre bien qu'elles possèdent à
une autre détenue.

Le
personnel médical affirme que l'examen médical à
la réception est trop bref au vu de la quantité de problèmes
de santé des femmes arrivant en détention. Les prisonnières
sont plus susceptibles que les autres femmes dans la population générale
d'avoir des problèmes physiques et psychologiques comme l'asthme,
l'épilepsie, l'hypertension, des crises d'angoisse, des dépressions
ou des maux d'estomacs. Elles ont plus de problèmes de règles
et de ménopause, plus de difficultés auditives et visuelles,
de problèmes de fonctionnement des reins et de la vessie. Chaque
jour, 20 % des détenues demandent à voir un médecin
ou une infirmière, contre 10 % des hommes. Des cas de gale
sont signalés au début de l'année 1999, à
Durham.
Les soins dentaires sont souvent négligés. À Drake
Hall, la liste d'attente est si importante que seules les détenues
condamnées à plus de 12 mois ont une chance d'obtenir une
consultation. Une jeune détenue de Cookham Wood va jusqu'à
se mutiler en janvier 1999 pour obtenir des antibiotiques afin de soigner
une infection après une extraction dentaire.
Toutes les prisons ne font pas de frottis de l'utérus et excluent
ainsi de fait une partie des femmes détenues du programme national
de lutte contre le cancer. 16 % des femmes qui consommaient de la
drogue par intraveineuse avant leur détention sont séropositives,
soit le double des hommes. Rendu obligatoire dans toutes les prisons,
le test de dépistage des drogues détecte plus facilement
les drogues douces que les drogues dures. Bon nombre de détenues
délaissent donc le cannabis au profit de l'héroïne.
Cela engendre de nouvelles dépendances, de nouveaux conflits et
une aggravation de la violence. Le traitement des détenues toxicomanes
est très limité dans certains établissements. Un
seul conseiller pour les toxicomanes doit travailler avec une population
pénale féminine dont 90 % est estimée avoir
des problèmes sérieux de dépendance, à la
prison de Risley. Aucun programme de méthadone n'est prévu
dans cette prison. À la prison de Bullwood Hall, aucun traitement
ou conseil n'est dispensé. Dans certaines prisons, des centres
de désintoxication, appelés drug-free units, sont
mis en place. Les détenues y reçoivent une aide pendant
3 mois, au terme desquels elles sont replacées dans leur cellule.
Les soins apportés aux femmes souffrant de
troubles mentaux sont inadéquats. Selon une étude de
l'Office national des statistiques, à la fin de 1997, les névroses
sont plus courantes chez les femmes détenues que chez les hommes.
En mai 1997, 57 % des prisonnières condamnées ont été
diagnostiquées comme ayant des désordres mentaux, contre
38 % des hommes. Chez les femmes en détention provisoire,
ce chiffre s'élève à 76 %. La majorité
des désordres mentaux sont des névroses, des troubles de
la personnalité, l'abus et la dépendance à des substances
illicites. La plupart des femmes sont concernées par au moins 2
de ces problèmes. Trois des 16 établissements pour femmes
ont un psychologue à plein temps, en mai 1997. La majorité
des autres reçoit parfois la visite d'un psychologue basé
dans une autre prison. Les détenues se voient régulièrement
prescrire des doses élevées de médicaments psychotropes.
Certaines prisons pour femmes combinent pour les détenues des antidépresseurs,
des tranquillisants et des somnifères.
Les
femmes enceintes ne bénéficient pas d'un traitement
spécifique. Elles se plaignent d'être enfermées jusqu'à
22 heures par jour dans leur cellule jusqu'au huitième mois de
leur grossesse.
Les tests de grossesse sont facultatifs. 17 femmes ont eu recours à
une interruption volontaire de grossesse entre 1997 et 1998. Des
jeunes femmes enceintes sont incitées à avorter contre la
promesse d'obtenir une place dans l'une des trois prisons ouvertes, places
qui sont très prisées. Une seule prison déclare être
organisée par rapport aux femmes qui ne souhaitent pas continuer
leur grossesse. Ces femmes sont envoyées au service local de conseil
à l'extérieur de la prison. Certaines détenues cachent
leur grossesse, de peur d'être séparées de leur bébé.
En février 1997, une détenue de Risley donne naissance à
son bébé dans sa cellule après avoir caché
sa grossesse pendant plus de 3 mois.
Holloway est le seul établissement pénitentiaire où
les femmes enceintes peuvent être transférées dans
une zone particulière de la prison, appelée D zéro.
Ce quartier, destiné aux prisonnières vulnérables,
reçoit également des détenues psychiquement perturbées,
psychotiques et autres. La façon dont la grossesse est envisagée
dans ce quartier est critiquée comme purement médicale et
dépassée. Les détenues ont également accès
2 fois par semaine à un gymnase et à une piscine.
63 % des femmes n'ont pas accès à des soins prénatals
dans leur lieu de détention. La plupart des soins fournis sont
conditionnés par les impératifs de sécurité
et limités. Les places dans les unités mères-enfants
étant insuffisantes, leur obtention est ressentie comme un moyen
de contrôle des prisonnières enceintes. Les deux tiers des
détenues qui ont droit à une place dans une unité
mères-enfants déclarent ne pas avoir reçu d'informations
sur les équipements lors de leur arrivée en prison. Ce sont
les prévenues qui semblent le plus manquer d'information.
Les
gardiens qui accompagnent la femme enceinte à l'hôpital doivent
être, si possible, de sexe féminin. Le personnel pénitentiaire
ne doit pas assister à l'accouchement ni aux examens intimes.
Lorsque le travail trop rapide ne permet pas le transfert
jusqu'à un hôpital, des naissances ont lieu dans l'enceinte
même de l'établissement pénitentiaire. En 1998, 72
bébés naissent en prison.

Quatre
prisons disposent d'unités spécialement créées
pour recevoir les mères et leurs bébés : Askham
Grange, Holloway, New Hall et Styal, avec un total de 64 places
(7). En 1998, 10 femmes n'y ont pas accès.
Des prisons comme Risley, prévues pour les détenues en attente
de jugement, n'ont pas de dispositif pour que les mères puissent
garder leur bébé. L'unité mères-enfants de
la prison la plus proche, Styal, ne reçoit que des femmes condamnées.
La plupart des mères prévenues sont séparées
de leur bébé, qui est remis aux services sociaux immédiatement
après la naissance.
Les unités mères-enfants étant des drug-free units,
les enfants sont régulièrement fouillés. Les conditions
de détention dans ces unités sont plus souples : les
portes de cellules restent ouvertes, les règlements interdisant
d'enfermer un bébé dans une cellule. Certaines détenues
ressentent une pression plus forte à se conformer aux règles
afin de pouvoir rester dans une telle unité.
Les cellules de l'unité mères-enfants d'Askham Grange sont
dépourvues de toilettes. La mère d'une petite fille de 10
jours témoigne que les cuisines sont toujours sales. La mère
d'un bébé de 11 mois se plaint que les jouets ne sont pas
faits pour des enfants de cet âge. Ils ne sont pas souvent renouvelés.
Les enfants sont séparés de leur mère à l'âge
de 9 mois à Holloway et à New Hall, et à 18 mois
à Askham Grange et à Styal. Les bébés peuvent
être laissés à leur mère jusqu'à l'âge
de 21 mois si la détenue est proche de la fin de sa peine. Ceux
des mères qui purgent une longue peine sont enlevés dès
l'âge de 10 mois.
L'administration annonce en décembre 1999 sa volonté de
revoir les procédures d'admission dans les unités mères-enfants
et de mettre en place des mesures pour leur gestion.
Les
principaux motifs de sanctions sont le manque de respect et les
injures envers le personnel, ainsi que le refus de procéder à
une analyse d'urine permettant de détecter la présence de
drogue. Les sanctions sont énumérées dans l'article
47 des Prison Rules. Elles peuvent prendre la forme d'un avertissement,
de l'interdiction de certaines activités pendant une durée
maximale de 21 jours ou d'une peine supplémentaire de 42 jours
maximum. Certains « privilègescomme les livres, la télévision
ou les visites, peuvent leur être supprimés pour une durée
maximale de 42 jours. La paye peut être suspendue pendant la même
période. Les détenues peuvent être transférées
d'une prison à une autre pour raisons disciplinaires. Les prisonnières
punies peuvent être enfermées 14 jours dans une cellule de
confinement ou dans une cellule capitonnée, complètement
vide. Les femmes sont plus souvent punies que les hommes pour des infractions
aux règlements (460 punitions pour 100 femmes, contre 368 pour
100 hommes en 1994).
Aucune
mutinerie n'est signalée dans les prisons des femmes. Une
unité d'intervention en cas de mutinerie est mise en alerte mais
n'intervient pas, le 13 juillet 1996 dans la prison de Cookham Wood.
Annette Hewins, détenue à Eastwood, estime être incarcérée
à tort. Elle entame une grève de la faim en 1997.
Elle est rapidement rejointe par 12 autres détenues.
Selon une étude de l'Office national des statistiques à
la fin de 1997, les femmes détenues et les prévenu(e)s sont
particulièrement sujettes aux tentatives de suicide. Plus d'un
quart des prévenues déclare avoir tenté de se suicider
dans l'année ayant précédé l'entretien. Le
risque de tentative d'automutilation ou de suicide est particulièrement
important à l'arrivée des détenues. La grande majorité
des suicides survient dans les quatre premières semaines d'incarcération.
Les cas d'automutilation augmentent légèrement en 1997-1998
par rapport à l'année précédente. Le problème
est crucial chez les femmes et dans les prisons locales. 1 107 cas d'automutilation
féminine sont rapportés en 1997-1998 contre 730 en 1996-1997.
L'automutilation est considérée par l'article 47 des Prisons
Rules comme motif de sanction disciplinaire. Les détenues qui
se mutilent sont souvent mises en isolement.

En
1996, le personnel travaillant exclusivement dans les prisons de
femmes s'élève à 1 918 personnes. Le nombre de surveillant(e)s
est de 68 pour 100 détenues en moyenne.
Il varie de 39 à Winchester à 95 à Bullwood Hall
et Holloway. L'administration pénitentiaire pratique un gel des
recrutements : les effectifs restent inchangés depuis 1992,
malgré l'augmentation considérable du nombre de personnes
incarcérées. Le manque de personnel est surtout important
dans les prisons locales qui reçoivent les femmes arrivant des
tribunaux. L'absence pour congé maladie est beaucoup plus fréquente
chez le personnel travaillant dans les prisons pour femmes que pour hommes.
Parmi les 1 751 personnes en contact direct avec les détenues,
695 sont des hommes. Sur les 16 prisons accueillant des femmes, 5 sont
dirigées par une femme, en 1998. Le personnel masculin des prisons
pour femmes ne reçoit aucune formation spécifique. Il n'a
pas le droit de fouiller les détenues ni de les observer en toutes
circonstances.
L'éloignement des prisons des lieux d'habitation
des détenues et les difficultés d'accès entravent
de fait le droit au maintien des liens avec l'environnement social. Aucune
prison pour femmes n'est située au pays de Galles. Sur les 16 prisons
recevant des femmes, 11 sont difficiles d'accès en transports en
commun. Les proches des détenues doivent parcourir 100 km en moyenne
pour leur rendre visite. Des trajets de 4 heures pour une visite
de 45 minutes sont fréquents. Pour se rendre à la prison
de Drake Hall, le taxi coûte près de 20 £ (1 livre =
9,98 FF au 30 avril 1999) aller-retour.
Les prévenues ont droit à 1 h 30
de visite par semaine, les condamnées à 1 heure par mois.
Dans les faits, des visites supplémentaires sont accordées
aux prévenues et aux condamnées. La nourriture, les produits
hygiéniques et cosmétiques ne sont pas admis lors des visites.
Les visites conjugales sont interdites. Les visiteuses et visiteurs,
y compris les enfants, peuvent être fouillé(e)s, de
même que leurs effets personnels. Les couches des nourrissons sont
parfois enlevées et examinées.
Les conditions pour les visites des enfants sont inégalitaires.
Dans certaines prisons, seul un espace est laissé libre sur le
sol pour que les enfants jouent et un petit tas de jouets est mis à
leur disposition. Près d'un tiers des prisons pour femmes, dont
Holloway, prévoient des visites pour enfants ou familles pendant
toute une journée. Près de 4 000 enfants sont touchés
par l'incarcération de leur mère.
Les pièces dans lesquelles ont lieu les visites sont souvent mal
éclairées et déprimantes. Certaines n'ont pas de
fenêtres ni d'accès à la lumière du jour. Le
parloir à Holloway est trop petit par rapport au nombre de détenues.
Les machines qui vendent de la nourriture et des boissons sont souvent
hors service. Chaque détenue peut être soumise à une
fouille après chaque visite.
Les prisonnières ne sont jamais prévenues de leur transfert,
pour des raisons dites de sécurité. Les proches,
ne l'étant pas non plus, peuvent alors se déplacer pour
rien. Dans d'autres cas, les détenues se plaignent que le temps
de visite soit écourté parce qu'elles sont informées
trop tard de l'arrivée des visiteuses et visiteurs.
Les offres de formation et de travail
ont généralement trait à l'entretien des locaux,
à la cuisine et au jardin. Le travail pénitentiaire consiste
notamment à fabriquer des produits industriels et des produits
agricoles. Beaucoup d'activités restent d'ordre traditionnellement
féminin : les détenues fabriquent des jouets, suivent
des cours d'arrangement de fleurs, de repassage ou d'économie ménagère.
Les détenues qui ont une activité travaillent environ 25
heures par semaine. Le salaire minimum est de 4 £ par semaine.
À Durham, les femmes ont très peu d'accès à
la formation, alors que les détenus hommes ont un grand choix.
Les cours sont limités à huit détenues à la
fois, pour une population carcérale de 97 femmes. À la prison
de Styal, 10 détenues soigneusement choisies travaillent dans un
centre de vente par téléphone. Elles peuvent obtenir des
qualifications professionnelles reconnues à l'extérieur
de la prison. Leur salaire atteint 9 £ par semaine. Une partie
de leurs gains est retenue à la base ou reversée à
l'administration afin de payer les frais de détention. Les autres
cours sont orientés sur le travail domestique.
À Askham Grange, comme dans toutes les prisons ouvertes, le nombre
de femmes pouvant être employées à l'extérieur
de la prison a fortement diminué à cause des restrictions
récentes concernant la libération conditionnelle, imposées
par l'administration pénitentiaire. Les places de travail sont
en nombre insuffisant à East Sutton Park. Les détenues rencontrent
des difficultés de transport les empêchant d'utiliser la
possibilité prévue de travailler en dehors de cette prison
ouverte. Le travail est insuffisant à la prison de New Hall.
L'effectif de personnel susceptible de surveiller
les activités est insuffisant par rapport à l'augmentation
de la population carcérale féminine. Par conséquent,
le temps accordé aux femmes pour se réunir avec leurs codétenues
est limité. Les femmes passent de plus en plus de temps enfermées
dans leur cellule. Le personnel socio-éducatif est insuffisant
en nombre, en raison de restrictions budgétaires. Les cellules
individuelles d'Eastwood Park sont à peine suffisantes pour être
utilisées autrement que pour dormir. L'absence d'activités
s'y fait encore plus sentir. À Cookham Wood, où certaines
femmes purgent des longues peines, les détenues n'ont droit aux
réunions du soir que un jour sur deux. À Bullwood Hall et
à Low Newton, les activités sont limitées et souvent
annulées. Les détenues restent fréquemment enfermées
dans leurs cellules pendant de longues durées à Risley.
Les périodes, en semaine, pendant lesquelles
les détenues peuvent faire du sport vont en diminuant. Très
peu d'activités sont organisées les week-ends et les cours
du soir sont souvent annulés, parce que le personnel éducatif
doit pourvoir à la pénurie de personnel de surveillance.
Les
détenues peuvent contacter leurs avocat(e)s par écrit
ou par téléphone. Les appels doivent être effectués
aux heures de bureau, plus coûteuses. Ils sont d'autant plus chers
que la plupart des femmes sont incarcérées loin du tribunal
qui les a condamnées. Elles doivent attendre leur tour pour appeler
et bénéficient de peu d'intimité. Les détenues
ont légalement droit à une assistance juridique.
L'efficacité de ce service varie considérablement d'une
prison à l'autre. En cas de transfert rapide d'une prison à
l'autre, il est fréquent que les conseils ne soient pas donnés
dès le premier établissement.
Selon une enquête réalisée en 1993, trois quarts des
détenues déclarent n'avoir pas reçu assez d'informations
sur le fonctionnement de la prison lors de leur arrivée. Toutes
les prisonnières ne reçoivent pas le Prisoners'Information
Book, mis à jour annuellement par l'administration pénitentiaire
et l'organisation Prison Reform Trust. Les détenues illettrées
n'ont pas accès à l'information.
Des
alternatives à l'emprisonnement existent. Les femmes n'y
ont pas toujours un accès égalitaire, notamment en raison
du nombre limité de services réservés uniquement
aux femmes et de l'absence de gardes pour les mères en charge d'enfants.
Le Criminal Courts Act de 1973 habilite un tribunal à soumettre
une personne à la supervision du service de probation pour une
période pouvant aller de 6 mois à 3 ans. Ces ordres peuvent
être accompagnés d'obligations supplémentaires comme
celle d'habiter dans un centre de probation ou d'effectuer un travail
d'intérêt général.
Les détenues condamnées à plus de 4 ans sont susceptibles
d'être relâchées sur parole, après avoir subi
la moitié de leur peine. Les décisions de libération
sur parole ne sont pas prises dans la prison où est incarcérée
la personne.
Le Prison Service Standing Order 13 stipule les conditions
dans lesquelles une personne détenue souffrante peut être
libérée pour des raisons de santé.
Un programme de surveillance électronique est mis en place
au 28 janvier 1999. Des personnes condamnées à une peine
allant de 3 mois à 4 ans peuvent être libérées
jusqu'à 2 mois plus tôt, à condition d'accepter de
porter un indicateur électronique de localisation pendant le reste
de leur sentence. Ce programme est considéré comme un succès
: moins de 5 % des personnes placées sous surveillance électronique
ont dû retourner en prison entre janvier et août 1999 pour
avoir transgressé les obligations. 2 020 personnes, hommes
et femmes, sont concernées par cette mesure au 7 avril 2000.

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Notes dans le texte
:
(1)
Cette notice porte essentiellement sur l'Angleterre et le pays de Galles.
(2) En Angleterre et au pays de
Galles.
(3) Pour l'Angleterre et le pays
de Galles ; offices indépendants pour l'Irlande du Nord et l'Écosse.
(4)
Brokehill, Bullwood Hall, Drake Hall, East Sutton Park, Holloway, New Hall,
Risley, Styal.
(5)
Askham Grange (ouverte, 130, Yorkshire), Brockhill (fermée, 160, Worcestershire),
Bullwood Hall (fermée, 130, Essex), Cookham Wood (fermée, 160,
Kent), Drake Hall (ouverte, 160, Staffordshire), East Sutton Park (ouverte,
100, Kent), Eastwood Park (fermée, 135, Gloucestershire), Foston Hall
(fermée, 182, Derbyshire), Holloway (fermée, 500, Londres),
New Hall (fermée, 200, West Yorkshire) et Styal (fermée, 260,
capacité de 455 places à partir d'avril 1999, Cheshire). Données
entre parenthèses : caractéristique de la prison, nombre de
détenues en moyenne en 1997, comté.
(6)
Durham (fermée, 40, North East), Highpoint (fermée, jusqu'à
200, Suffolk), Low Newton (fermée, 50, Durham), Risley (fermée,
160, Cheshire) et Winchester (fermée, 80, Hampshire).
(7)
Vingt places pour mères condamnées àAskham Grange, 13
places pour mères prévenues ou condamnées àHolloway,
9 places pour mères prévenues ou condamnées à New Hall
et 22 places pour mères condamnées à Styal.
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