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L'article
200 du Code pénal stipule que les relations sexuelles entre
personnes du même sexe sont passibles de 2 mois d'emprisonnement.
Si elles ont lieu en public ou provoquent un scandale public, elles sont
passibles de 1 à 5 ans d'emprisonnement. L'initiative du gouvernement
en vue d'abolir cet article est rejetée par la Chambre des députés
en mai 1998.
L'article 148 du Code de procédure pénale énumère
les cas pour lesquels la détention préventive peut
être ordonnée. La disposition la plus fréquemment
utilisée est celle relative à la notion de danger
pour l'ordre public, notion largement interprétée.
Cette notion peut affecter aussi bien les auteurs de petites infractions
que les personnes criminelles. La détention préventive est
limitée dans une première phase à 30 jours. Elle
peut être prolongée au-delà par décision judiciaire,
mais ne peut pas dépasser la moitié de la peine prévue
par la loi. Elle s'effectue, en fonction des places disponibles, soit
dans les cellules des postes de police, soit dans les établissements
pénitentiaires.
Une loi de 1996 entérine la pratique de présélection
à la frontière des personnes qui désirent solliciter
le statut de réfugié, quand elles ne possèdent
pas de documents valables pour entrer sur le territoire roumain. Les personnes
étrangères qui tenteraient de pénétrer en
Roumanie illégalement sont passibles de 3 mois à 2 ans de
prison.
La
plupart des femmes détenues dans les pénitenciers sont en
attente de jugement. La détention préventive peut durer
plusieurs mois, voire des années. Le nombre de femmes incarcérées
augmente. Les chiffres concernant la population carcérale
du pays ne sont pas disponibles.
Au pénitencier de Târgsor, 1 013 femmes sont détenues
en juin 1998, contre 750 femmes en 1996. Sur l'ensemble, 289 femmes sont
des récidivistes ; 724 sont condamnées pour la première
fois ; 944 femmes de toutes catégories sont condamnées
sans possibilité d'appel ; 77 femmes sont en détention
préventive. Le pénitencier compte 17 mineures et 112 jeunes
femmes âgées de 18 à 21 ans. Dans les autres établissements,
les femmes représentent quelques dizaines de détenues sur
des populations de plusieurs centaines d'hommes.
Une cinquantaine de mineures sont incarcérées au centre
de rééducation de Gaesti, en 1996. Quatre femmes, dont une
mineure, sont détenues au poste de police municipal de Dolj le
3 mars 1999, pour une population totale de 114 détenu(e)s.
Le
nombre de personnes détenues pour motif d'homosexualité
est inconnu.
Mariana Cetiner, dénoncée pour des relations homosexuelles,
est arrêtée le 6 octobre 1995 par la police d'Albia. Elle
est condamnée à 3 ans de prison, le 17 juin 1996. Elle est
libérée le 15 janvier 1997 après avoir fait appel
du jugement au tribunal d'Albia Iula. Le procureur fait appel de cette
décision, et la cour d'appel confirme le jugement du tribunal de
première instance. Mariana Cetiner est transférée
au pénitencier d'Aiud le 16 mai 1997, avant d'être finalement
graciée par le président de la République début
mars 1998.

Des
mauvais traitements sont constatés. Le Comité
européen pour la prévention de la torture (CPT) conclut
dans son rapport de visite en Roumanie, en septembre et octobre 1995,
que le risque, pour les personnes soupçonnées d'avoir
commis une infraction pénale, d'être soumises à des
mauvais traitements par la police au moment de leur privation de liberté
et/ou au cours de leur interrogatoire est toujours loin d'être négligeable
et que, parfois, de telles personnes peuvent être soumises à
de mauvais traitements graves, voire à la torture.
Le médecin du pénitencier de Bacau déclare que, lorsqu'une
personne portant des marques de coups est conduite au pénitencier
après être passée par un poste de police, il le consigne
dans le rapport médical. La personne est reconduite au poste de
police une fois guérie.
Au cours de sa détention aux pénitenciers de Târgsor
et d'Aiud, Mariana Cetiner subit des mauvais traitements. Elle est punie
à plusieurs reprises, dont une mise en isolation sévère,
pour une dispute avec d'autres détenues et le personnel pénitentiaire.
Mariana Cetiner se plaint d'avoir été battue au pénitencier
de Târgsor par 2 officiers, Dragomir et Dragnea. Elle porte des
marques visibles sur une jambe et sur la cage thoracique. Au pénitencier
d'Aiud, après des altercations avec une gardienne, elle doit rester
9 heures debout, les mains liées. L'officier Ionica Moldovan la
bat plusieurs fois pendant ce temps.
Les organisations non-gouvernementales dénoncent l'emploi excessif
de la force par des policiers. Des femmes appartenant à la communauté
rom auraient été victimes de violences par des agents de
police lors de descentes à Sarulesti, dans le département
de Calarasi, au mois de juin 1998. Margareta Mihai aurait reçu
des coups de pied dans le dos et un coup de crosse au visage.
La
séparation, dans les établissements pénitentiaires,
entre les femmes et les hommes est respectée. Les prévenues
et les condamnées sont séparées, sauf dans l'hôpital
pénitentiaire de Bucarest. La séparation entre mineures
et adultes est respectée. Au centre de Gaesti, des rencontres hebdomadaires
au parloir entre les filles et les garçons incarcérés
qui le souhaitent sont possibles.
Les femmes ne sont pas séparées selon les catégories
pénales. Des femmes condamnées pour toutes sortes de peine
allant de la prostitution au vol et au meurtre cohabitent dans le pénitencier
de Târgsor, en 1998.
Un
seul établissement pénitentiaire, celui de Târgsor,
est réservé aux femmes condamnées. Sa capacité
est de 1 150 lits. Il comprend une section pour environ 70 détenus
hommes. C'est un ancien monastère, transformé en pénitencier
pour les prisonniers politiques en 1948. Il devient un pénitencier
pour femmes en 1952. Une partie du pénitencier, rénovée,
date de 1912, une autre partie date de 1953. Le secteur des visites a
été construit en 1990.
La section des femmes du pénitencier pour adultes de Craiova, datant
d'environ 100 ans, a été rénovée. En mars
1999, la cellule de quarantaine, où les nouvelles détenues
restent 21 jours à leur arrivée, est surpeuplée,
19 détenues se partageant 12 lits.
Le pénitencier de Tulcea comprend une section pour femmes. L'ensemble
du bâtiment est en complète rénovation. Une aile du
nouveau bâtiment est opérationnelle en mars 1998.
Le pénitencier de Timisoara date de 1907. Un seul pavillon, destiné
à recevoir 350 personnes, a été construit depuis
cette date. La seule rénovation concerne l'ensemble des conduits
de chauffage.
Le centre de rééducation pour mineur(e)s
de Gaesti est une ancienne unité militaire. L'établissement
fonctionne comme centre de rééducation depuis 1996. Il est
le seul des 4 établissements pour mineur(e)s à recevoir
des filles. Un groupe scolaire à Bacau accueille des filles en
conflit avec la loi dont le placement pour un temps indéterminé
est décidé par une Commission de protection des mineur(e)s.
Les
cellules du poste de police n° 14 de Bucarest sont petites.
Les barreaux des fenêtres empêchent un éclairage correct.
Les fenêtres ne peuvent être ouvertes de l'extérieur
que par les gardiens.
Les cellules du pénitencier de Târgsor sont prévues
pour recevoir jusqu'à 30 détenues. Les lits sont sur deux
étages. Un seul drap par personne est fourni. Les détenues
ont le droit de porter des vêtements civils. Les détenues
décorent les cellules de peluches confectionnées
avec des chutes de tissus.
La cellule 55 du pénitencier de Bacau compte 5 détenues
pour quatre lits, en 1998. Une des cellules de la section réservée
aux femmes est transformée en magasin pour toutes sortes de petits
objets fabriqués par les détenues.

Les
femmes détenues dans les établissements pénitentiaires
reçoivent une nourriture souvent peu variée, mal
équilibrée et en faible quantité.
Les patientes de l'hôpital pénitentiaire de Bucarest ne dérogent
pas à la règle, sauf en cas de régime spécial.
L'alimentation des détenues se compose principalement de viande
sous forme d'abats et de lard, de pommes de terre, de choux, de soupes
et de pâtes. Les fruits et les légumes sont rares.
Dans certains établissements, les détenues prennent les
repas en commun au réfectoire. Parfois, des potagers et des fermes
attenants aux établissements pénitentiaires fournissent
tout ou partie de la nourriture. La nourriture reçue par colis
au poste de police n° 14 de Bucarest peut être stockée
dans un réfrigérateur et cuisinée.
La nourriture servie aux détenues au poste de police municipale
de Dolj vient du pénitencier de Craiova. Les seuls couverts autorisés
sont les cuillères. Des proches peuvent apporter de la nourriture.
Au pénitencier de Târgsor, 40 % de la nourriture provient
de la ferme et du jardin potager, en 1998. Toutes les détenues
prennent leur repas au réfectoire, à l'exception de celles
placées en isolement. La vaisselle se fait dans trois petits éviers,
insuffisants pour garantir l'hygiène minimale.
Les détenues diabétiques du pénitencier d'Aiud ont
des repas plus consistants que les autres, incluant des ufs.
La quantité journalière moyenne de pain varie de 300 g pour
les détenues diabétiques à 868 g pour les détenues
actives placées en détention préventive.
La cuisine du pénitencier de Colibasi est toujours humide en 1998,
malgré le changement récent du système de ventilation.
L'ensemble des détenues se plaint de la mauvaise qualité
de la nourriture. Certaines déclarent avoir trouvé des vers
dans leur nourriture.
L'administration du pénitencier de Bacau s'oppose au jeûne
religieux de certaines détenues, arguant qu'il est de son devoir
de leur offrir une ration alimentaire quotidienne de 2 700 calories.
Les
conditions d'hygiène sont souvent déplorables. Les
w-c et les lavabos ne sont pas isolés du reste de la cellule. Ils
sont souvent bouchés pendant de longues périodes. L'eau
chaude n'est pas disponible en cellule. Le chauffage est insuffisant.
Des cas de gale, des poux et des maladies de peau sont décelés.
Ces conditions sanitaires précaires représentent un danger
pour la santé des détenues. Des détenues ont la tête
rasée avant d'être transférées dans un pénitencier,
pour des raisons d'hygiène.
Seules deux des quatre douches fonctionnent au poste de police n° 14.
Celui-ci est équipé de deux w-c turcs et d'un évier
avec trois évacuations, sans robinet. L'eau peut être ouverte
de l'entrée, seulement par un(e) gardien(ne). Les détenues
auraient accès à l'eau chaude. Les cellules n'ont pas de
toilettes. Les seaux utilisés pour les besoins naturels sont vidés
deux à trois fois par jour. Les brosses à dents et le dentifrice
ne sont pas fournis par le poste de police. Seules les détenues
qui ont de la famille peuvent en obtenir.
En 1999, les détenues du poste de police municipal de Tulcea utilisent
un seau pour faire leurs besoins naturels. La salle d'eau est une minuscule
pièce, avec 2 w-c turcs cassés, un lavabo et une douche
faite d'un tuyau. Au poste de police municipal de Dolj, 3 w-c turcs et
3 lavabos cassés sont utilisés par les détenues,
qui n'ont pas de w-c dans leurs cellules. Les w-c débordent continuellement.
Les canalisations fuient et le sol est inondé d'eau.
Les sanitaires du pénitencier de Târgsor comprennent 31 douches,
réunies dans une même salle. Les détenues, y compris
celles qui travaillent, ont accès à 1 ou 2 douches chaudes
par semaine, d'après le directeur.
Le nombre de w-c et de douches de l'hôpital pénitentiaire
de Bucarest est insuffisant. Les draps, les couvertures et les uniformes
des détenues sont sales. En cas de surpopulation, des détenues
dorment sur de vieux matelas posés à même le sol,
parfois dépourvus de draps. Des poux et des cas de gale sont repérés.
Les dortoirs, occupés par 30, voire 50 personnes, sont équipés
d'un seul lavabo et d'un seul w-c turc. La section est équipée
seulement de 6 douches, avec de l'eau chaude par intermittence. Les lavabos
de la section psychiatrique sont fréquemment bouchés.
Les cellules du pénitencier de Bacau sont équipées
de toilettes, d'un lavabo et d'un w-c turc. Une salle de bains, équipée
de 5 douches, est utilisée par l'ensemble de la section des femmes.
L'eau chaude est accordée 2 fois par semaine.
Les détenues du pénitencier de Colibasi portent l'uniforme
de la prison. Elles se plaignent de la présence de souris, de punaises
et de poux dans les cellules. Six sections disposent de 40 douches. Des
douches séparées sont prévues pour les personnes
ayant des parasites.
Le
personnel médical est le plus souvent en nombre très insuffisant
pour assurer correctement la prévention et la prise en charge des
personnes incarcérées. Quelques médecins, spécialistes
et généralistes, s'occupent de la santé de
plusieurs centaines de personnes détenues, dont les femmes constituent
une très faible proportion. Les soins gynécologiques et
psychiatriques sont en général absents. Du fait du sous-effectif
en personnel médical, les visites, effectuées à la
chaîne, ne durent que quelques minutes. Seuls les cas les plus importants
sont pris en compte en urgence. L'accès aux soins, notamment ceux
qui requièrent des soins spécifiques, peut dépendre
du bon vouloir du personnel de surveillance.
Un(e) généraliste, 1 dentiste et 2 infirmières sont
employées à mi-temps au bureau du personnel du pénitencier
de Târgsor en 1998. Les détenues ne sont pas autorisées
à être examinées par des médecins extérieurs,
même en cas d'urgence. Le temps consacré à l'examen
médical des 1 013 détenues correspond à un total
de 53 heures par semaine. De 40 à 100 détenues viennent
au centre de consultation chaque jour, chacune étant reçue
de 4 à 10 minutes. En accord avec l'hôpital municipal Schuller
de Ploiesti, certaines heures du vendredi sont destinées à
l'examen des détenues à l'hôpital. Toutes les détenues
conduites au pénitencier de Târgsor subissent le test du
VIH. Une infirmière indique que chaque détenue est
informée des raisons de la prise de sang et de la signification
de ce test.
Depuis son incarcération en 1994, Despina Iliescu se plaint de
maux de tête, et de réactions nerveuses violentes incontrôlables
pendant lesquelles elle a des accès d'agressivité envers
elle-même et les autres. Elle n'a pas subi d'examen psychiatrique
avant 1998, alors qu'elle prenait des sédatifs. La détenue
se plaint de problèmes de rein et elle urine du sang. En 1998,
elle n'a toujours pas été examinée.
L'hôpital de Bucarest est le seul hôpital
pénitentiaire, en 1996. Il jouxte le pénitencier de Bucarest.
Les 60 médecins, civils et militaires de l'hôpital pénitentiaire
de Bucarest, relèvent tous du ministère de la Justice. Quatre-vingts
infirmiers et infirmières assistent ces médecins. Cent quarante
gardien(ne)s sont présent(e)s dans l'hôpital, ainsi qu'1
prêtre et du personnel administratif. Aucun(e) psychologue
ni assistant(e) social(e) n'intervient. Le traitement de nombreuses patientes
de la section psychiatrique est à base de neuroleptiques.
Les sédatifs demeurent le seul recours pour les moments de crise.
Seuls 2 médecins psychiatriques assument la charge de cette section,
qui peut compter jusqu'à 100 personnes.
Les chambres des malades du pénitencier d'Aiud ressemblent à
de minuscules cellules. Les chambres disposent de 4 lits, tous occupés
en 1998, alors que la superficie est à peine suffisante pour deux
personnes. Les problèmes les plus sérieux sont l'absence
de chauffage, l'humidité et la présence des toilettes dans
la pièce, sans cloison de séparation. Des cas de maladies
sexuellement transmissibles sont décelés.
Les
femmes enceintes sont transférées à l'hôpital
pénitentiaire de Bucarest après le sixième mois de
grossesse. La section des femmes enceintes de cet hôpital compte
32 lits. Le régime alimentaire des femmes enceintes n'est pas amélioré.
En 1996, les demandes d'avortement de trois femmes enceintes, dont
une âgée de 16 ans, n'auraient pas été prises
en considération dans les délais légaux.
Une
femme qui accouche à l'hôpital pénitentiaire
de Bucarest a plusieurs possibilités légales face à
l'accouchement et à la garde de l'enfant. Elle peut demander au
juge une interruption de peine d'un an pour accoucher et élever
son enfant, rester à l'hôpital pénitentiaire pendant
un an avec lui, ou le confier à sa famille ou à une institution.
Rares sont les femmes qui choisissent d'élever leur enfant entre
les murs de l'hôpital pénitentiaire.
Aucun espace d'accueil pour les enfants n'est prévu, au pénitencier
de Târgsor.

La
moitié des rapports de sanction requérant plus de
10 jours de mise en isolement invoque des attitudes irrespectueuses
envers le personnel. Les détenues n'ont aucun recours de
défense pour ce motif de punition.
La cellule d'isolement du pénitencier de Târgsor est équipée
de 6 lits et d'un w-c.
Au pénitencier de Bacau, ces cellules sont au nombre de trois,
chacune comprenant deux lits, des w-c et un lavabo.
Dans la zone de haute sécurité du pénitencier d'Aiud,
elles sont d'une petite surface et équipées chacune de quatre
lits. Environ 1,5 m sépare les lits des murs. Les toilettes et
le lavabo sont dans la cellule, sans cloison de séparation. Le
chauffage ne marcherait qu'1 heure par nuit en hiver, d'après les
détenues.
Le
personnel de surveillance sollicite parfois pour lui-même
l'équipe médicale intervenant dans l'établissement
pénitentiaire, alors qu'elle devrait se consacrer uniquement aux
soins des détenu(e)s. Ainsi, les 280 personnes employées
du pénitencier de Colibasi consultent le personnel médical
de celui-ci.
Le personnel du pénitencier de Timisoara est composé de
232 personnes, dont six officiers. Chaque personne employée a en
charge dix personnes détenues, en juillet 1998.
Environ 150 officiers, commissionnés ou non, sont directement en
contact avec les personnes détenues au pénitencier de Bacau.
Chaque gardien(ne) a en charge 13 détenu(e)s, en décembre
1998. Un(e) gardien(ne) pour 6 personnes détenues serait nécessaire,
d'après le règlement officiel de la Direction générale
des pénitenciers.
En plus des 156 personnes employées au pénitencier de Târgsor,
102 personnes supplémentaires sont employées aux champs,
en 1998.
Au poste de police n° 14 de Bucarest, les détenues ne sont
pas autorisées à posséder des postes de radiocassettes
ni de télévision. Les détenues n'ont pas droit
aux crayons, aux stylos et au papier. La correspondance est interdite.
Au
poste de police municipal de Dolj, en 1999, les détenues ne sont
pas autorisées à posséder leurs propres postes de
radio et de télévision. Elles reçoivent très
rarement des journaux. Ceux-ci sont envoyés par colis ou apportés
par les familles lors des visites, parfois par le personnel.
Les détenues au poste de police municipal de Tulcea peuvent envoyer
et recevoir une carte postale par mois.
L'accès au pénitencier de Târgsor est difficile. Seulement
1 ou 2 trains ou autobus font, par jour, la liaison entre Târgsor
et Ploiesti. Les familles viennent du pays tout entier et effectuent de
longs et coûteux voyages. Une vitre de verre est utilisée
pour séparer les détenues des visiteurs et des visiteuses.
Les visites à la table ont lieu lors de fêtes
ou sont accordées individuellement, comme récompense, pour
une bonne participation aux activités. Le parloir est une sorte
de comptoir de 2,5 m de large, divisé en 2. Une moitié est
utilisée par les détenues, l'autre par les visiteuses et
visiteurs. Pour parler, les visiteurs, les visiteuses et les détenues
doivent rester debout ou se hisser sur un tabouret. Les visites ne durent
que quelques minutes. Une pièce séparée, comprenant
des tables et des chaises, est habituellement utilisée par des
familles visiteuses accompagnées des enfants de détenues.
Les deux téléphones à cartes installés au
parloir du pénitencier d'Aiud ne fonctionnent pas, car le pénitencier
ne disposerait pas de moyens de pratiquer des écoutes téléphoniques,
en 1998.
Le parloir du pénitencier de Timisoara est composé de deux
pièces. Le bureau du personnel pénitentiaire est accolé
au parloir. Du fait de la petite dimension des pièces, le personnel
pénitentiaire peut entendre toutes les conversations, alors que
les recommandations internationales n'autorisent que la surveillance visuelle.

La plupart des pénitenciers assurent la
scolarité des niveaux primaires et secondaires, jusqu'à
la huitième classe. Les formations spécialisées
ne concernent souvent que quelques dizaines de personnes. Le personnel
formateur et d'animation est peu nombreux.
Sept éducateurs interviennent au centre pénitentiaire de
Craiova, en 1999, auprès des 2 400 personnes détenues.
Les détenues du pénitencier de Tulcea peuvent suivre des
cours littéraires. Les professeurs ont un contrat avec le pénitencier
et l'Inspection des écoles.
L'école primaire du pénitencier de Târgsor enseigne
jusqu'au niveau 4. Les détenues peuvent suivre des formations.
L'usine de prêt-à-porter du pénitencier de Târgsor,
dans laquelle travaillent des détenues, propose une formation de
confectionneuse-machiniste en 6 mois, sanctionnée par un diplôme.
Ce diplôme ne donne pas accès à une augmentation de
salaire.
Des étudiant(e)s en droit et en journalisme sont autorisé(e)s
à venir enseigner au pénitencier de Timisoara. Des rencontres
avec des classes d'enfants sont organisées chaque année
le 1er juin, à l'occasion de la Journée des enfants.
Le centre de rééducation de Gaesti offre une formation scolaire
jusqu'à la huitième classe. Certaines filles, parmi les
plus avancées, peuvent suivre les cours au lycée de Gaesti.
Le programme d'étude et de formation des mineures incarcérées
à Gaesti occupe jusqu'à 10 heures de la journée.
Les ateliers sont nombreux et semblent variés. Les salles de classes
ont besoin d'être rénovées, en 1996.
Seules
les condamnées ont le droit de travailler. Les salaires
correspondent souvent au minimum légal. Du travail est fourni par
des entreprises de proximité. Dans les établissements pénitentiaires,
des travaux d'entretien des bâtiments, des potagers et des élevages
sont disponibles.
En 1998, environ 160 personnes détenues sur une population carcérale
totale de presque 2 000 personnes sont employées au pénitencier
de Bacau. Environ 10 % des détenu(e)s, hommes et femmes, travaillent
au centre pénitentiaire de Craiova, en 1999.
70 % des femmes du pénitencier de Târgsor ont du travail,
principalement dans l'agriculture. Les détenues purgeant une peine
de longue durée et ayant un certain niveau scolaire sont employées
en priorité. Celles dont la durée d'incarcération
dépasse 10 ans travaillent dans l'usine de confection jouxtant
la prison. Cette usine emploie de 250 à 300 détenues de
la prison de Târgsor. Le salaire est le salaire minimum sur l'économie
(SME), dont la détenue perçoit 10 %. Les détenues
qui dépassent la norme de production prévue peuvent gagner
plus que le SME. Leur salaire peut monter jusqu'à 100 000 lei par
mois (1 000 lei = 0,41 FF, au 30 avril 1999), et des remises
de peine leur sont accordées.
Au pénitencier d'Aiud, une usine de métallurgie emploie
des détenues, au tarif minimum pratiqué dans le pays. D'autres
détenues sont employées comme saisonnières dans l'agriculture
dans la région. Les détenues sont payées 330 000
lei par mois. Une compagnie privée de fabrication de meubles est
également délocalisée dans la prison. Les détenues
travaillent pour la communauté. Elles aident à construire
ou réparer des édifices religieux. Le pénitencier
dispose de 36 hectares de terres arables, qui comprennent une ferme d'élevage
et un jardin potager. Tous les légumes nécessaires aux personnes
détenues et 80 % de la viande consommée dans le pénitencier
sont produits exclusivement par cette agriculture.
Des détenues du pénitencier de Tulcea travaillent dans l'agriculture
et dans de petits ateliers dépendant du pénitencier. Quelques
détenues travaillent à l'extérieur de la prison,
dans des champs de la ville de Tulcea, en accord avec celle-ci. Les conditions
de travail des mineures de Gaesti sont difficiles. Les travaux des champs
en été sont éreintants et faiblement rémunérés.

Les personnes détenues du poste de police
n° 14 de Bucarest peuvent sortir dans une cour de 2 x 3,3 m environ
une heure par jour. Aucune autre activité ne leur est proposée.
Les détenues du poste de police municipal de Tulcea sortent une
demi-heure par jour dans une cour de 8m2, sans possibilité de s'abriter
de la pluie ou du soleil. La promenade journalière dépend
du temps qu'il fait.
Les détenues du pénitencier de Colibasi ont droit à
une demi-heure de promenade journalière.
Le pénitencier de Târgsor emploie deux animateurs, en 1998.
Chaque animateur suit 1 000 détenues. Depuis 1998, 2 étudiants
en psychologie travaillent avec les détenues. Une bibliothèque
est accessible aux détenues. La chapelle est décorée
par deux détenues. Une gazette ainsi qu'une revue, Horizons
vécus, Horizons rêvés , sont rédigées
par les détenues. Une station de radio interne permet aux détenues
de s'exprimer sur des thèmes neutres. Le club de spectacle diffuse
une fois par mois un vieux film. Le pénitencier est équipé
d'environ 15 postes de télévision. Les activités
artisanales proposées sont parfois arrêtées faute
de matériel : tricot, icônes sur verre, sculpture sur savon.
Les détenues qui ne travaillent pas ont une demi-heure par jour
de promenade, où elles circulent librement.
Les femmes du pénitencier de Craiova peuvent accéder quand
elles le désirent à la bibliothèque de la
prison. Elles ont le droit de recevoir des journaux et des livres. Elles
sortent environ une heure par jour et disposent de ce temps librement.
Le pénitencier de Tulcea organise des tournois de jeux d'échecs
en coopération avec la fondation des jeunes et l'association d'échecs
de Tulcea. La bibliothèque du pénitencier dispose d'un fonds
approximatif de 1 700 livres.
Quatre instructeurs aident un officier à s'occuper de l'éducation
des 2 000 personnes détenues au pénitencier de Bacau.
Les détenues suivent des lectures et des discussions par thème.
L'attitude
de la plupart des avocat(e)s est, dans la pratique, contraire à
une bonne défense. Les avocat(e)s font preuve d'un désintérêt
croissant pour le domaine pénal, qui se révèle moins
rentable et plus délicat politiquement. Des abus importants sont
constatés. Certain(e)s avocat(e)s assistent aux interrogatoires
au poste de police en simples spectateurs, d'autres oublient
de venir, certains découvrent le dossier le jour même de
l'audience, les clientes ne sont pas informées de leurs possibilités
de recours. Certains procès-verbaux sont signés sans que
l'avocat(e) ait assisté à l'audience. Les avocat(e)s ne
pouvant justifier de leur absence à un procès sont passibles
d'amende. La corruption est très répandue.
Les femmes, condamnées ou prévenues, portent toutes l'uniforme
pénitentiaire à rayures. En 1996, de nouveaux uniformes
unis sont distribués dans les pénitenciers pour être
utilisés lors des audiences. Des femmes comparaîtraient cependant
encore devant la Cour en portant les anciennes tenues. La Cour constitutionnelle
recommande que les femmes puissent comparaître dans des tenues décentes
et non stigmatisantes.
Les agents de police n'informent souvent pas les personnes conduites au
poste de leurs droits, notamment celui à la défense. Ces
personnes ne sont pas enregistrées sur des fichiers distincts,
en dépit de la loi. Les officiers de police, qui les amènent
au poste, ne dressent aucun procès-verbal. Ces personnes privées
de liberté ne peuvent donc pas prouver leur présence au
poste. Des risques d'abus sont possibles.
Une
loi prévoyant des peines alternatives pour des délits
mineurs est entrée en vigueur en mai 1999. Elle prévoit
entre autres le travail d'intérêt général.

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