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L'article
146 du Code pénal prévoit le renvoi obligatoire de
la peine de prison quand elle s'applique à une femme enceinte ou
ayant accouché moins de 6 mois auparavant. Un renvoi facultatif
est prévu si la femme a accouché depuis plus de 6 mois,
mais depuis moins de 1 an, et que l'enfant ne peut être confié
à aucune autre personne (article 147, n° 3 du Code pénal).
La loi proscrit de détenir en attente de jugement des femmes enceintes,
des parents seuls d'enfants en bas âge, des personnes âgées
de plus de 70 ans et des personnes gravement malades (loi n° 332 du
8 août 1995). Toutes ces catégories de personnes peuvent
cependant être incarcérées en cas d'accusation de
crimes, notamment en lien avec la mafia. La durée maximale de la
détention préventive varie selon la gravité du délit
présumé. Elle est de 2 ans dans la plupart des cas et de
6 ans dans les hypothèses les plus graves. Le Comité des
droits de l'homme des Nations unies constate en juillet 1998 que le fait
de lier la durée maximale de la détention préventive
à la peine encourue porte atteinte au principe de la présomption
d'innocence et de la notion de délai raisonnable.
Les
femmes représentent environ 4 % de la population carcérale.
Le taux d'incarcération féminine reste stable de 1988 à
1998. En 1998, 6 243 femmes sont admises dans les établissements
pénitentiaires, 1 033 détenues ont des enfants en charge,
au 31 décembre 1998. Parmi les 1 049 femmes incarcérées
condamnées à cette date, 57 sont en semi-liberté
et 36 sont condamnées à perpétuité. 35 femmes
détenues présentent un handicap mental. Les détenues
étrangères sont au nombre de 543. Elles représentent
28 % des femmes détenues. 46 mineures sont incarcérées,
au 23 octobre 1997.
Les
délits pour lesquels les femmes sont incarcérées
sont essentiellement des délits liés à la drogue
ou des infractions à la propriété (vol, destruction,
enlèvement, escroquerie). La mendicité constitue un délit
pouvant entraîner un emprisonnement de 3 mois maximum (article 670
du Code pénal).
Les femmes étrangères sans permis de séjour
sont détenues, en attente de leur rapatriement, dans des centres
d'accueil. Ces centres, où les personnes peuvent rester pour un
maximum légal de 20 jours, sont très similaires aux lieux
de détention. Les détenues les plus exposées aux
violences et aux discriminations de la part des autres femmes et du personnel
pénitentiaire sont probablement les toxicomanes et les femmes ayant
commis des violences envers des enfants.
Certaines femmes sont incarcérées pour non-paiement d'amendes.
En octobre 1998, une femme passe 24 heures en prison pour avoir contrevenu
à l'obligation scolaire de l'un de ses cinq enfants. Elle avait
été condamnée à une amende de 100 000
lires (1 euro = 1 936,27 lires), qu'elle ne pouvait payer. La peine pécuniaire
a alors été transformée en une peine de détention
d'une journée.
Abade Khalil Mudhir (Sharifa), originaire de Somalie et illettrée,
est arrêtée en mai 1998 à Milan et accusée
du trafic des deux enfants voyageant avec elle. Elle est privée
de ses enfants et incarcérée. Elle est libérée
en décembre 1998, quand la preuve de son innocence est établie.
En mars 1999, le ministre de la Justice s'excuse auprès de Mme
Mudhir.
Patrizia Maria Gracia Cadeddu, militante anarchiste, est accusée
d'être impliquée dans l'explosion du palais municipal de
Milan, le 25 avril 1997. Elle est condamnée, le 8 juin 1998, sur
la foi d'une vidéo de mauvaise qualité, après avoir
passé plus d'un an en préventive à la prison de San
Vittore. D'après les journalistes, personne ne peut être
reconnu sur cette vidéo. Les expertises graphologiques et les comparaisons
d'empreintes digitales donnent des résultats négatifs. Mme
Cadeddu, qui clame son innocence, refuse de demander une mise en résidence
surveillée, ce qui l'aiderait à se soigner : elle souffre
d'anorexie et d'une tumeur au sein.
Plusieurs
décès, notamment des suicides, semblent imputables
aux conditions de détention. Sept femmes sont décédées
en 1998 dans l'ensemble des centres de détention.
Patrizia Rossi, détenue en isolement pendant 4 mois, se suicide
le 26 janvier 1998 à la prison de Arezzo. Un retard important aurait
été constaté dans la déposition de son expertise
psychiatrique. Celle-ci aurait établi que Patrizia Rossi était
manifestement mentalement instable.
Teresa Massari, mère d'un enfant de 2 ans, se donne la mort le
29 mars 1998 à la prison de Trani. Elle devait être libérée
4 mois plus tard.
Silvana Giordano, âgée de 25 ans, se suicide le 18 mai 1998
devant son fils de 2 ans, dans la section féminine de la prison
de Bellizzi Irpino. Lors de son dernier parloir, elle avait déclaré
avoir subi des violences sexuelles de la part de codétenues. Selon
l'enquête du procureur d'Avellino, la mort est due à une
suffocation. Les enquêteurs excluent l'hypothèse
d'un homicide, mais non la possibilité que des tiers aient poussé
la détenue au suicide.
Maria Soledad Rosas est retrouvée pendue
le 11 juillet 1998. Elle était assignée à résidence
depuis le 17 avril 1998 dans une communauté agricole très
isolée, dans la commune de Benevagienne. Au cours de son incarcération
précédant cette assignation à résidence, Maria
Soledad Rosas avait subi des violences de la part d'une codétenue.
Les gardiennes procédaient à des fouilles intimes
à chaque visite de son avocat. Deux fois par semaine, les gardiennes
fouillaient sa cellule. Elles perturbaient son sommeil plusieurs fois
par nuit avec une lampe torche très lumineuse. Des amis, découvrant
son corps pendu, alertent la Croix-Rouge, qui met une heure pour arriver
sur les lieux, à cause du mauvais état du chemin. Aucune
autopsie n'est réalisée.

Des
cas de mauvais traitements de la part des forces de l'ordre sont
signalés au moment de l'arrestation, pendant les premières
24 heures de détention, pendant des manifestations et en prison.
Ce sont souvent des étrangères et des membres de la communauté
rom qui en sont les victimes.
Une organisation non-gouvernementale de défense des droits des
Roms rapporte, en mars 1999, que des femmes roms sont fouillées
par des agents de police masculins et que leurs papiers d'identité
sont détruits arbitrairement pendant des contrôles d'identité.
Elle dénonce des cas où des filles roms surprises en train
de mendier se sont vu couper des cheveux.
Sofia O., âgée de 24 ans, originaire du Nigéria et
travaillant comme prostituée, est arrêtée à
Gênes, la nuit du 12 octobre 1998. Elle déclare qu'une patrouille
de 3 policiers l'a arrêtée, saisie par les cheveux sans provocation
préalable et entraînée à l'arrière de
leur voiture. Ils ont alors sauté sur elle et l'ont frappée.
Elle aurait été victime d'autres coups, notamment ceux d'un
instrument contondant. Les policiers l'auraient forcée à
nettoyer du sang par terre avec un chiffon qu'ils auraient ensuite frotté
sur son visage. Elle est par la suite transférée dans une
prison. Trois autres femmes originaires du Nigéria et travaillant
comme prostituées déclarent avoir subi des mauvais traitements
dans la même nuit. Elles disent ne pas avoir déposé
de plainte, contrairement à Sofia O., parce qu'elles travaillaient
comme prostituées, ne possédaient pas de permis de travail
et risquaient d'être expulsées.
Chiara Del Frate, âgée de 25 ans, est agressée physiquement
en novembre 1997 par une policière lors d'un contrôle routier
à Rome. Les médecins diagnostiquent par la suite une entorse
aux muscles du cou l'obligeant à porter minerve, et une entorse
au genou. Shirley Oghenekaro, âgée de 30 ans et originaire
du Nigéria, est détenue pendant trois jours après
une intervention des policiers au cours d'un contrôle des billets
en août 1997 à Gênes. Au commissariat, elle est traitée
de putain et forcée de s'asseoir. Lorsqu'elle
essaie de se lever, un policier la saisit par les cheveux alors qu'un
autre lui donne des coups dans le dos.
Grace Patrick Akpan, citoyenne italienne d'origine nigériane, est
hospitalisée d'urgence pour mauvais traitements, immédiatement
après sa libération de garde à vue, le 20 février
1996 à Catanzaro. Alors qu'elle est interpellée pour un
contrôle d'identité par deux policiers, ceux-ci l'insultent
et la maltraitent physiquement dans la rue, dans leur voiture et au commissariat.
Ils auraient un comportement xénophobe. Elle déclare avoir
été traitée de putain de couleur
et qu'un policier aurait crié : Tu peux remercier
Dieu d'être une femme et que nous soyons en ville, sinon je t'aurais
tuée. Au poste de police, Mme Akpan demande en vain des
soins médicaux. Elle présente une lésion au cou,
des coupures et des ecchymoses.
Neuf carabiniers sont accusés en août 1997 de mauvais traitements
à l'encontre de Milena Giulivi, âgée d'une vingtaine
d'années, et de 3 jeunes hommes, le 23 mai 1996 à Terni.
Ils sont accusés d'avoir frappé Mme Giulivi à coups
de poing et de matraques.
Des
cas isolés de harcèlement sexuel sont dénoncés.
Une cour de Chivari condamne deux agents de police de Rapallo, près
de Gênes, à 2 ans de prison pour l'enlèvement et le
viol d'une Albanaise en février 1998. Ils ont arrêté
la femme, qui travaillait comme prostituée, dans une ville près
de Gênes, alors qu'ils n'étaient pas en service. Ils l'ont
forcée à avoir des relations sexuelles et l'ont ensuite
abandonnée.
Deux femmes manifestant devant l'ambassade péruvienne le 23 avril
1997, à Rome et déposent une plainte 6 jours plus tard pour
mauvais traitements à l'encontre d'agents policiers. Elles déclarent
avoir reçu des coups de poings et de matraques pendant leur détention
au commissariat. Elles auraient été soumises à des
abus verbaux et sexuels.
L'article
14 du règlement pénitentiaire (loi n° 354 du 26 juillet
1975) précise que les femmes doivent être hébergées
dans des établissements séparés de ceux des
hommes ou dans des sections distinctes d'un même établissement.
En pratique, femmes et hommes incarcérés peuvent se rencontrer
par l'intermédiaire des parloirs suivant les mêmes modalités
que pour les parloirs familiaux. Les migrantes sans titre sont détenues
avec les autres détenues.

Les
mineures sont séparées des adultes. La majorité
pénale est fixée à 18 ans, la responsabilité
pénale à 14. Les mineures sont placées dans des centres
spécialisés ou dans des quartiers spéciaux des prisons
pour adultes.
L'Instituti penali per mineorenni (Institut pénitentiaire
pour mineur(e)s, IPM) de Casal del Marmo, à Rome, peut détenir
20 filles. Celui de Nisida accueille des garçons et des filles
entre 14 et 18 ans, exceptionnellement jusqu'à 21 ans. Deux filles
y sont détenues en mai 1995. Cet établissement se situe
sur une petite île, reliée à la banlieue de Naples.
Chacune des chambres mesure de 14 à 18 m2. Elles sont meublées
de quatre lits, de tables de chevet, d'une table, de chaises, d'armoires
et d'un téléviseur. Elles disposent d'une annexe sanitaire
comprenant une douche, un lavabo et des toilettes. Les murs sont nus et
le cadre est peu accueillant. Les filles peuvent pratiquer du sport en
salle. Les activités sont peu nombreuses.
Les mineures handicapées physiques ou mentales sont envoyées
dans des maisons spéciales pour jeunes handicapé(e)s ou
dans des sections spéciales de prisons pour adultes. À Milan,
un institut de filles renferme uniquement des jeunes gitanes.
Six
établissements pénitentiaires accueillent
exclusivement des femmes
(1)
avec une capacité d'accueil de 608 places, au 31 décembre
1998. Plus de 60 autres établissements, maisons d'arrêts
et prisons de haute sécurité, reçoivent des hommes
et des femmes. Ils sont souvent situés en périphérie
des grandes villes ou dans des lieux difficilement accessibles par les
transports en commun.
La maison d'arrêt de Voghera, située dans la campagne milanaise,
est entièrement équipée électroniquement.
Le système de sécurité est tel qu'il permet de suivre
les personnes détenues dans tous leurs faits et gestes. Conçue
à l'origine uniquement pour les femmes détenues politiques,
elle est depuis devenue une prison mixte.
L'espace
minimum légal par femme détenue, de 9 m2 dans les cellules
individuelles et de 5 m2 dans les cellules collectives, n'est pas toujours
respecté. Dans la maison d'arrêt de Catane, 10 à 12
femmes sont détenues dans une cellule mesurant environ 30 m2. Les
cellules sont équipées d'un w-c cloisonné, de lavabos,
de placards, d'une table, de chaises et de lits superposés.
Les détenues sont soumises, lors de leur entrée en prison,
à une fouille corporelle, à la prise des empreintes digitales
et à la visite médicale, au plus tard le jour suivant. Elles
ont également un entretien avec le directeur.
L'alimentation,
à la charge de l'administration, varie selon les établissements.
La qualité se révèle souvent médiocre. Les
modes d'alimentation spécifiques sont pris en compte. L'État
dépense 3 800 lires par jour et par personne détenue pour
l'alimentation. Les entreprises qui procurent les aliments fournissent
également les suppléments que les détenues
achètent pour compléter les plats fournis par la prison.
Des
produits hygiéniques, dont des tampons et des serviettes
hygiéniques, sont mis à la disposition des détenues.
Les détenues ont accès aux douches une fois par semaine.
À l'exception de la prison de Rebibbia, où certaines cellules
sont équipées de douches, les établissements sont
dotés de douches collectives ne disposant pas d'eau chaude. L'accès
est limité à des heures déterminées. Les vêtements
et articles de literie ne sont pas fournis pas l'administration pénitentiaire.
Les détenues doivent elles-mêmes les tenir propres. Les femmes
n'ont pas le droit de posséder des bijoux. Les miroirs mis à
leur disposition sont le plus souvent petits et opaques. Ils reflètent
une image déformée et partielle. Le soin des ongles et des
cheveux est difficile, la plupart des objets nécessaires n'étant
pas disponibles pour des raisons de sécurité. Par mesure
d'économie, les produits d'hygiène distribués par
l'administration sont parfois rationnés.

Les
soins médicaux présentent des carences, surtout au niveau
des suivis spécialisés. Les détenues devraient souvent
attendre d'un à trois mois pour passer une visite spécialisée,
comme les soins dermatologiques ou gynécologiques. Les femmes souffrant
de maux de dents peuvent attendre deux semaines le passage d'un(e) dentiste.
Les pathologies les plus courantes sont des problèmes de l'appareil
digestif, des problèmes cardiaques et diverses pathologies infectieuses.
Un dépistage du VIH et des MST peut être effectué
à l'arrivée en prison, avec le consentement de la détenue.
Les détenues auraient accès à des campagnes de dépistage,
de prévention et d'information sur les maladies graves. Aucun dépistage
systématique n'existe cependant pour les cancers du sein ou de
l'utérus. En 1997, près de 30 % de la population pénale
globale seraient toxicomanes, d'après le gouvernement. Le
taux de personnes détenues séropositives est de 10 %
dans l'ensemble de la population carcérale, en 1998. Parmi ces
personnes, 7,6 % sont atteintes du sida.
Les transferts des détenues vers des hôpitaux ont lieu dans
les cas d'urgence.
Des médicaments sont fournis en cas de règles douloureuses.
Le stress lié à la détention provoque également
la chute des cheveux, des irritations et des éruptions cutanées.
Les détenues n'ont pas accès à des moyens contraceptifs.
Elles ne sont pas particulièrement suivies pour la ménopause.
En cas d'insuffisance de calcium dans les os, elles subissent les problèmes
liés à l'ostéoporose.
Une loi de 1993 stipule que la détention n'est plus admissible
à partir d'un certain stade de maladie. Cette loi n'établit
cependant pas d'automatisme.
Le
suivi d'une grossesse et la préparation à l'accouchement
font l'objet d'un suivi médical adapté. Il est effectué
en prison et à l'hôpital civil. Des échographies permettent
de déceler d'éventuelles malformations ftales. Les
femmes enceintes sont informées si de telles malformations existent.
Les femmes qui souhaitent recourir à une interruption volontaire
de grossesse en ont la possibilité. Elles n'ont aucune autorisation
à solliciter.
Les
accouchements ont lieu dans des hôpitaux civils. Le transfert
des détenues a lieu en général quelques jours avant
l'accouchement, mais parfois au dernier moment. Aucune personne surveillante
ou représentante de la police ne peut assister à l'accouchement,
pendant lequel les détenues ne sont pas entravées. Elles
disposent après l'accouchement de soins médicaux et de produits
hygiéniques appropriés. Elles restent quelques jours, ensuite,
en observation médicale dans le service hospitalier.
L'article 11 du règlement pénitentiaire (loi n° 354
du 26 juillet 1975) exige que des services spécialisés dans
l'assistance sanitaire aux femmes enceintes et celles qui ont accouché
existent dans chaque institut pénitentiaire pour femmes.
Les
mères peuvent garder leurs enfants avec elles jusqu'à
ce qu'ils atteignent l'âge de 3 ans. Des crèches appropriées
doivent être organisées pour eux. Les mères détenues
sont soumises à un régime carcéral atténué.
L'enfant peut être mis en halte-garderie ou en crèche à
l'intérieur et à l'extérieur de la prison. Un personnel
spécifique pour la petite enfance est présent. L'enfant
n'est pas sujet aux fouilles. Les mères ont la possibilité
d'obtenir pour leurs enfants des aliments adaptés et en quantité
suffisante si elles ne les allaitent pas. Elles ont accès aux mêmes
activités que les autres détenues. Au 30 juin 1998, des
crèches sont en fonction dans une quinzaine de prisons. 44 mères
avec 49 enfants et 7 détenues enceintes se trouvent en prison à
cette date.

Des
infractions au règlement de la prison peuvent entraîner le
placement des détenues en cellule d'isolement. Les femmes
enceintes ou les mères avec enfants ne peuvent pas subir de mise
en isolement.
La suppression d'eau chaude semble être une mesure de sanction
fréquente, ainsi que la privation de sortie quotidienne. Aucune
sanction ne peut être infligée pour une accusation sans preuve,
après contestation de l'accusée. Celle-ci est autorisée
à exposer sa propre défense. L'intervention d'un(e) avocat(e)
n'est pas prévue dans les cas de sanctions internes.
Selon l'article 527 du Code pénal, les relations sexuelles entre
détenues, même consenties, sont un délit et peuvent
être punies d'une peine de réclusion de 3 mois à 3
ans. L'homosexualité ne constitue cependant pas un délit
à l'extérieur de la prison. Deux femmes détenues
à la prison de Giudecca sont condamnées, le 23 février
1995, à 3 mois de détention supplémentaires pour
avoir été surprises dans leur cellule au cours d'une relation
lesbienne. Accusées d'actes obscènes en lieu public,
elles ont été séparées et transférées
dans des prisons éloignées.
Des
actes de contestation collectifs et individuels de détenues
sont observés : grèves de la faim, mutineries, tentatives
de suicide et évasions. Les principales revendications des détenues
sont judiciaires. Elles concernent également les transferts abusifs.
Les automutilations semblent peu nombreuses. Un suivi psychologique, psychiatrique
et médical est prévu pour ces actes.
Le
personnel de surveillance chargé des détenues est
constitué uniquement de femmes. La formation initiale du personnel
de surveillance est essentiellement à caractère militaire
et juridique. Le ministère de la Justice organise périodiquement
des cours de formation, essentiellement au sujet de la toxicodépendance.
Les rapports entre les surveillantes et les services socio-thérapeutiques
sont très difficiles.
À la prison de Bassone, 17 surveillantes sont affectées
à la section des femmes. Les problèmes d'effectifs existent.
Les roulements sont fatigants et le travail est physiquement difficile.
Les
détenues ont accès aux visites familiales avec les
mêmes droits que les hommes. Une garderie est organisée pour
les enfants pendant les visites, aucun parloir n'étant spécialement
aménagé pour eux. Une fouille au détecteur
de métal est imposée aux visiteurs et visiteuses. Par manque
d'interprètes, les détenues étrangères sont
souvent privées de la possibilité de téléphoner
: le personnel doit être en mesure de comprendre chaque conversation
téléphonique. Le courrier est soumis à la
censure, y compris celui adressé aux organisations internationales
de défense des droits humains. Les détenues ont accès
aux journaux d'actualité et elles peuvent s'abonner aux revues
de leur choix.
Un espace vert est inauguré à la section pénale de
la prison de Rebibbia à Rome, le 20 mars 1998. Il est doté
de bancs, pelouse et jeux pour enfants, et peut être utilisé
pour les visites familiales, notamment des enfants.
Les détenues n'ont pas droit aux visites intimes. Un nouveau
règlement pénitentiaire qui est en phase de définition
en décembre 1998 prévoit la mise en place de projets pilotes
pour permettre aux détenues d'accéder à des espaces
et des moments d'intimité avec leur conjoint. Des bâtiments
avec des entrées séparées sont prévus pour
garantir l'intimité.
Les
formations scolaires sont obligatoires. L'enseignement universitaire
ou professionnel est facultatif. Les prévenues et les condamnées
auraient accès aux mêmes formations. En 1998, 50 % des
femmes suivent une formation. La formation professionnelle est rémunérée
par le ministère de la Justice. Les diplômes obtenus au cours
de la détention sont reconnus à l'extérieur.
Au 1er janvier 1999, 89 des femmes incarcérées sont analphabètes,
183 n'ont aucun diplôme scolaire, 409 sont titulaires d'une licence
de l'école élémentaire, 605 d'une licence de l'école
moyenne, 103 d'un diplôme de l'école professionnelle, 272
d'une école supérieure, 48 ont passé l'examen final
des études supérieures.
Le
travail offert aux détenues n'est pas suffisant en quantité.
Un tiers des détenues a accès au travail, qui consiste en
des travaux domestiques et industriels. Le travail n'est pas obligatoire.
Les détenues ne peuvent pas choisir le type de travail qu'elles
désirent accomplir. Celles qui souhaitent obtenir un travail dans
le secteur privé doivent la plupart du temps le trouver par leurs
propres moyens. La plus grande partie du travail est effectuée
pour l'administration pénitentiaire. Les détenues sont rémunérées.
Le principe à travail égal, salaire égal
n'est pas respecté. Les femmes gagnent en moyenne le tiers du salaire
des hommes.

Les
femmes détenues ont accès à peu d'activités.
La possibilité de faire du sport est quasiment inexistante
pour les détenues.
Les cellules de la section des femmes de la prison de Rebibbia sont ouvertes
de 8 h à 20 h. Dans d'autres prisons, les détenues
sont enfermées presque toute la journée. Au pénitencier
mixte de Cueno (Piémont), en 1996, les femmes ne disposent ni de
cour ni de promenade, par manque de personnel pour les surveiller.
Des structures extérieures peuvent intervenir auprès des
détenues. Les intervenant(e)s se plaignent souvent des démarches
administratives excessives pour accéder aux pénitenciers,
qui diminuent le temps consacré aux activités. Certaines
de ces structures ¦uvrent pour assurer le lien entre la mère détenue
et son enfant à l'extérieur. D'autres assurent toutes sortes
d'interventions, services, formations, soins, cérémonies
religieuses, activités de loisirs et autres. La présence
d'associations d'aide aux personnes détenues n'est cependant pas
très importante, notamment après la disparition de celles
liées aux détenu(e)s politiques.
Les pratiques religieuses ne peuvent être exercées
équitablement. Seuls les aumôniers catholiques peuvent librement
entrer dans les centres de détention. Pour les autres cultes, les
détenues doivent expressément demander la visite de leur
officiant.
Les détenues de la section féminine de la maison d'arrêt
d'Empoli, région de Florence, créent en avril 1998 une revue
appelée Filles dehors. Cette revue trimestrielle
est diffusée à 1 500 exemplaires.
L'article
104 du Code de procédure pénale prévoit que, en principe,
toute personne placée en détention provisoire peut entrer
en contact immédiatement avec un(e) avocat(e). Dans des
circonstances exceptionnelles, toutefois, le juge peut, sur demande du
parquet, prescrire l'interdiction de communiquer avec l'avocat pour une
période déterminée, mais qui ne peut excéder
cinq jours.
L'article 32 de la loi n°354 du 2 novembre 1971 prévoit que
les détenu(e)s soient informé(e)s à leur entrée
en prison des dispositions générales et particulières
concernant leurs droits et leurs devoirs, la discipline et les appointements.
Cette règle se révèle largement inappliquée
en pratique. L'article 35 du décret présidentiel n°
431-76 établit que des locaux appropriés soient destinés
aux entretiens des personnes détenues avec leurs avocat(e)s. Il
n'existe pas de système d'assistance judiciaire gratuite.
Diverses
mesures alternatives à la détention et des aménagements
de peines existent. Le nombre de personnes en bénéficiant
est en augmentation constante. Le nombre de mesures alternatives décidées
en 1997 représente un peu plus d'un tiers des peines purgées
en prison par des hommes et des femmes. Dans le même temps, 70 %
des demandes de semi-liberté sont refusées. 60 % des
demandes des périodes probatoires pour les toxicomanes et 75 %
des demandes de détentions domiciliaires sont rejetées.
Les détenues en provenance des pays non-membres de l'Union européenne
sont généralement exclues des mesures alternatives à
la détention. Celles-ci ne peuvent s'appliquer qu'aux personnes
ayant leur famille à proximité ou disposant d'un domicile.
Ces détenues exécutent, la plupart du temps, la totalité
de leur peine.
La loi n° 165 de juin 1998 prévoit une peine alternative pour
les personnes reconnues coupables d'escroquerie, d'outrage à agent,
de corruption et de malversation. Les mères d'enfants de moins
de 10 ans, les prisonnier(ère)s ayant entre 18 et 20 ans ou plus
de 60 ans peuvent bénéficier de cette loi, si leur peine
est inférieure ou égale à 4 ans de prison. La sortie
de prison n'est pas systématique. Elle est soumise à l'approbation
d'un tribunal. La loi ne s'applique pas aux détenu(e)s condamné(e)s
à de longues peines dont le reliquat est inférieur à
3 ans, ni aux condamné(e)s pour homicide volontaire, association
mafieuse, enlèvement ou vol à main armée.
Toute personne toxicomane ou alcoolique suivant un traitement de réadaptation
ou désireuse de s'y soumettre, qui doit exécuter une peine
de détention d'une durée de 4 ans au plus ou à qui
il reste à subir une peine d'une même durée, peut
solliciter à tout moment une mesure d'assignation à un service
social à titre de mise à l'épreuve pour continuer
ou commencer une activité thérapeutique, en vertu de l'article
94 du décret présidentiel du 9 octobre 1990. Elle choisit
la base d'un programme de réadaptation avec l'unité sanitaire
locale.
La détention à domicile concerne les personnes condamnées
à moins de 3 ans. La libération anticipée consiste
en une réduction de peine, qui peut être octroyée
à une détenue faisant montre d'une bonne conduite dans l'établissement.
Cette réduction est de 20 jours pour chaque semestre de peine effectuée.
Les centres de premier accueil sont souvent considérés comme
une alternative à la prison pour les mineures arrêtées.
Les mesures substitutives, prévues par le Code de procédure
pénale, consistent dans la pratique en un travail à l'extérieur
et en une mise à l'épreuve dans une institution. Cette dernière
mesure serait amplement utilisée par les juges siciliens.
Le ministère de la Justice instruit les demandes de grâce
adressées au président de la République. Sur l'ensemble
de la population carcérale, une vingtaine de grâces sont
accordées chaque année. Aucune amnistie ni réduction
de peine collectives n'ont eu lieu depuis 1990.
Une peine de réclusion, égale ou inférieure à
4 ans, même constituant la part résiduelle d'une peine plus
élevée, peut être purgée, s'il n'y a pas eu
d'assignation au service social à titre de mise à l'épreuve,
chez soi ou dans un autre lieu d'habitation privé, ou bien dans
un lieu public de soin ou d'assistance quand il s'agit d'une femme enceinte,
d'une femme qui allaite ou d'une mère d'enfant dont l'âge
est inférieur à 10 ans, vivant avec elle, en vertu de la
loi n° 354 du 26 juillet 1975, modifiée par la loi n°663
du 10 octobre 1986.
Le 16 juin 1998, le ministre de la Justice évoque la possibilité
d'introduire le bracelet électronique comme une alternative à
l'emprisonnement.

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