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Les
conventions et les pactes internationaux relatifs aux droits humains sont
nombreux, mais peu d'entre eux comportent de véritables dispositions
contraignantes à l'égard des parties signataires.
Pour assurer une protection effective des droits humains, quelques-uns de
ces textes ont institué divers mécanismes et procédures.
Ceux-ci permettent de connaître les violations des droits de la personne
et d'intervenir auprès des États concernés. Les mécanismes
de protection sont variés et souvent complexes. Institutionnellement,
ils prennent différentes formes : commissions, comités,
rapporteurs spéciaux. La plupart d'entre eux sont composés d'experts
indépendants.
Dans le cadre du système des Nations unies, certains de ces mécanismes
sont permanents et d'autres créés pour une durée limitée.
La Commission des droits de l'homme, organe central dans le dispositif des
Nations unies, se différencie de ces structures. Elle est composée
de 53 membres représentant les États. La Commission des droits
de l'homme a elle-même créé un certain nombre de procédures
de surveillance et de contrôle du respect des droits humains. Elles
prennent la forme de groupes de travail et de rapporteurs spéciaux.
Sur le plan régional, il existe au niveau européen la Cour européenne
des droits de l'homme et le Comité européen pour la prévention
de la torture et des peines ou traitements inhumains ou dégradants.
Le
système des Nations unies 
Le Comité des droits de l'homme
Il
est composé de 18 experts indépendants, chargés de superviser
la mise en uvre du Pacte international relatif aux droits civils
et politiques (PIDCP).
Les particuliers et leurs représentants, qui se prétendent victimes
d'une violation par un État partie des droits énoncés
dans le Pacte, peuvent saisir par voie de communication écrite le Comité.
Deux conditions préalables et solidaires doivent être réunies.
Tout d'abord, l'État partie doit avoir adhéré au Protocole
facultatif au pidcp qui habilite le Comité à recevoir et à
examiner des communications émanant de particuliers relevant de sa
juridiction. Enfin, le particulier ou son représentant doit avoir épuisé
tous les recours internes possibles.
Le Comité contre
la torture
Il
est composé de 10 experts indépendants chargés de veiller
au respect de la Convention contre la torture et autres peines ou traitements
cruels, inhumains ou dégradants par les États parties.
Les particuliers qui se prétendent victimes d'une violation par un
État partie des dispositions de la Convention peuvent saisir par voie
de communication écrite le Comité si trois conditions préalables
et solidaires sont réunies. Tout d'abord, l'État partie doit
avoir adhéré à l'article 22 de la Convention. Il reconnaît
alors la compétence du Comité pour recevoir et examiner les
communications présentées par ou pour le compte de particuliers
relevant de sa juridiction. Ensuite, le requérant doit avoir épuisé
tous les recours internes disponibles. Enfin, l'objet de la communication
ne doit pas avoir été ou être en cours d'examen devant
une autre instance internationale d'enquête ou de règlement.
Une dérogation est apportée à la deuxième condition
qui ne s'applique pas si le particulier prouve que les procédures de
recours excèdent les délais raisonnables dans la mesure où
ces délais sont abusifs et que, dans une forte probabilité,
elles ne donneraient pas satisfaction au particulier.
Un projet de Protocole facultatif se rapportant à la Convention contre
la torture est actuellement en cours d'élaboration. Ce mécanisme,
calqué sur le système européen, a pour but de prévenir
la torture dans les prisons.
Le
Comité pour l'élimination de la discrimination à l'égard
des femmes
Il
est composé de 23 experts indépendants chargés de veiller
à l'application des dispositions de la Convention sur l'élimination
de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes
par les États parties. Cette Convention interdit toute distinction,
exclusion ou restriction fondée sur le sexe, qui porte atteinte à
la reconnaissance, la jouissance ou l'exercice par les femmes des droits de
la personne et des libertés fondamentales dans les domaines politiques,
économiques, sociaux, culturels ou dans tout autre domaine.
Aucune saisine individuelle n'est prévue.
Le
Comité pour l'élimination de la discrimination raciale
Il
est composé de 18 experts indépendants chargés de veiller
à l'application et au respect de la Convention sur l'élimination
de toutes les formes de discrimination raciale.
Les particuliers ou leurs représentants se prétendant victimes
d'une violation par un État partie des dispositions de la Convention
peuvent saisir le Comité par voie de communication écrite. Trois
conditions préalables et solidaires doivent être réunies.
Tout d'abord, l'État partie doit avoir adhéré à
l'article 14 de la Convention qui reconnaît la compétence du
Comité pour recevoir et examiner les communications présentées
par les particuliers relevant de sa juridiction. Ensuite, le requérant
doit avoir épuisé tous les recours internes disponibles dans
l'État partie. Enfin, il faut avoir saisi en dernier ressort l'instance
nationale chargée spécialement d'examiner ce type de réclamations
et dont la mise en place par l'État partie est conséquente à
son adhésion à l'article 14.
Au cas où les particuliers ou leurs représentants n'obtiennent
pas satisfaction de cette dernière instance, ils peuvent, dans un délai
de 6 mois à compter de cette décision, saisir le Comité
pour l'élimination de la discrimination raciale par voie de communication
écrite. Le Comité ne pourra examiner de telles communications
que s'il est établi que le particulier a épuisé toutes
les voies de recours nationales disponibles. Cette disposition ne tient pas
si les procédures de recours excèdent un délai raisonnable.
Le
Comité pour les droits économiques, sociaux et culturels
Ce
Comité, créé en 1985 par le Conseil économique
et social (ECPSOC), est composé de 18 experts indépendants.
Il est chargé de veiller à l'application du Pacte international
relatif aux droits économiques, sociaux et culturels par les États
parties.
Aucune saisine individuelle n'est prévue.
Le
Comité des droits de l'enfant 
Il
est composé de 10 experts indépendants. Sa mission est de garantir
la mise en uvre de la Convention internationale des droits de l'enfant
et son application effective.
Parallèlement, le Comité a pour mandat d'examiner les progrès
réalisés par les États parties dans l'accomplissement
des obligations qu'ils ont contractées en ratifiant la Convention.
Selon la Convention, le terme enfant s'applique à tout
être humain de moins de 18 ans, sauf si la majorité est atteinte
plus tôt en vertu de la législation nationale.
Aucune saisine individuelle n'est prévue.
La
Commission des droits de l'homme des Nations unies
Président
(en 2000) : M. Shambhu Ram Simkhada
C'est
une Commission technique de l'ECOSOC. Elle a pour mission d'étudier
au cours de sa session annuelle toutes les questions relatives aux droits
de la personne. Elle est amenée à faire des recommandations
pour l'établissement de nouvelles normes internationales, à
proposer de nouveaux programmes et de nouvelles politiques des droits humains
et à octroyer des services consultatifs et techniques aux pays ayant
besoin d'une aide en matière de protection des droits de la personne.
En outre, la Commission des droits de l'homme examine les rapports fournis
par ces services consultatifs, par les différents groupes de travail,
par les rapporteurs spéciaux et les rapports annuels de la sous-commission
de la promotion et de la protection des droits de l'homme. Enfin, elle enquête
sur les violations des droits de la personne. Elle a créé une
douzaine de procédures dites thématiques, afin d'étudier
les principales catégories de violations des droits humains. Chaque
année, les rapporteurs des groupes de travail et des rapporteurs spéciaux
constituent des sources d'informations de première main qui lui permettent
de mieux accomplir son mandat de surveillance du bon respect des droits humains
par les États parties.
Lors de sa session annuelle, les organisations non-gouvernementales dotées
du statut consultatif auprès de l'ecosoc peuvent présenter à
la Commission de brèves communications écrites et orales concernant
le sujet traité.
Aucune saisine individuelle n'est prévue.
La Sous-Commission
de la promotion et de la protection des droits de l'homme
Composé
de 26 experts indépendants, elle est l'unique sous-commission de la
Commission des droits de l'homme. Elle étudie l'application de tous
les droits de l'homme (civils, politiques, économiques, sociaux et
culturels) et effectue des études traduites en principes généraux,
en normes internationales qui permettent ultérieurement l'élaboration
de Déclarations et, éventuellement, de Conventions internationales.
Elle est aussi chargée d'attirer l'attention de la Commission sur les
cas de violations flagrantes et massives des droits de l'homme. Lors de sa
session annuelle, les organisations non-gouvernementales dotées du
statut consultatif peuvent lui soumettre des communications écrites
et présenter un exposé oral sur chaque point de l'ordre du jour.
Le
Groupe de travail sur les disparitions involontaires ou forcées
Président : M. Ivan Tosevski
Depuis
février 1980, date de sa constitution, il est composé de 5 experts
indépendants. Il reçoit des communications d'organisations non-gouvernementales
ou de particuliers sur des cas signalés de disparition. Après
avoir procédé à leur vérification, il en informe
le gouvernement concerné.
Lorsque le cas est récent, le Groupe transmet un appel urgent au gouvernement
afin que celui-ci vérifie le sort de la personne. Pour assurer le suivi
de ses recommandations, le Groupe de travail demande au gouvernement concerné
de l'informer des mesures prises pour trouver des solutions aux cas soumis.
Le Groupe de travail
sur la détention arbitraire
Président : M. Kapil Sibal
Composé
de 5 experts indépendants, il a pour mission d'examiner les cas de
détention qui lui sont soumis par les organisations non gouvernementales
ou les particuliers. Il prend des décisions sur le caractère
arbitraire ou non de la détention en cause. Le Groupe peut saisir d'office
des cas individuels susceptibles de constituer des détentions arbitraires.
Il peut envoyer des appels urgents aux gouvernements pour s'assurer du respect
du droit à la vie et à l'intégrité physique des
personnes détenues.
Le
Rapporteur spécial sur les exécutions extrajudiciaires,
sommaires ou arbitraires
Rapporteuse spéciale : Mme Asma Jahangir
Cette
fonction a été instituée en 1982. Le Rapporteur spécial
examine les cas de violation du droit à la vie en relation avec la
peine de mort ; les décès en détention ; les
décès dus à l'utilisation de la force par la police ;
les violations du droit à la vie durant les conflits armés ;
les expulsions de personnes vers un pays où leur vie peut être
en danger ; les génocides ; le non-respect de l'obligation
d'accorder une indemnisation aux victimes ; le non-respect de l'obligation
d'enquête sur les violations du droit à la vie.
Le Rapporteur spécial examine avec attention la crédibilité
des sources des communications qu'il reçoit. Celles-ci peuvent émaner
d'organisations non-gouvernementales et de particuliers. Elles doivent obligatoirement
contenir des informations sur la victime, sur l'événement, sur
les auteurs de l'événement et sur les démarches entreprises
par la victime ou sa famille. Le cas échéant, le Rapporteur
spécial informe les gouvernements concernés des cas qui lui
sont soumis. Lorsqu'il existe une menace de mort, d'exécution imminente,
d'assassinat ou d'expulsion imminente vers un pays où la personne serait
en danger, le Rapporteur spécial adresse au gouvernement concerné
un message urgent pour assurer la sécurité de cette personne.
Depuis 1992, la Commission des droits de l'homme a demandé au Rapporteur
spécial d'assurer le suivi des cas qui lui ont été transmis
après la saisine des gouvernements concernés.
Le
Rapporteur spécial chargé d'examiner les questions
se rapportant à la torture 
Rapporteur spécial : M. Nigel Rodley
Il
existe depuis 1986. Il recherche et reçoit des informations sur les
cas de tortures et autres peines et traitements cruels, inhumains ou dégradants.
Il transmet les informations reçues aux gouvernements concernés
et peut également leur adresser des appels urgents lorsqu'il y a de
sérieuses raisons de craindre qu'une personne arrêtée
soit soumise à la torture. C'est notamment le cas lorsque la personne
est gardée au secret ; lorsque, sur un cas précis, l'information
dont la source est reconnue comme fiable corrobore des informations sur d'autres
cas dans le même pays ; lorsqu'il existe des rapports faisant autorité
et indiquant des pratiques de torture dans le pays et lorsqu'il existe un
risque d'extradition vers un pays où l'on peut craindre que la personne
soit torturée.
L'appel urgent n'est pas une procédure accusatoire ; son but est
purement humanitaire.
Le Rapporteur spécial communique aux sources d'informations (ong, particuliers)
le résumé des réponses reçues des gouvernements
sur les affaires en cause.
Le Rapporteur spécial
chargé de la question de la violence contre les femmes,
y compris ses causes et ses conséquences
Rapporteuse spéciale : Mme Radhika Coomaraswamy
Cette
fonction a été mise en place en 1994. Le Rapporteur spécial
recherche et reçoit des informations sur toutes les formes de violence
à l'égard des femmes. Il doit également étudier
les origines et les répercussions de cette violence.
Le Rapporteur spécial
sur l'indépendance des juges et des avocats
Rapporteur spécial : M. Param Cumaraswamy
C'est
en 1995 que la Commission des droits de l'homme crée ce mécanisme
de contrôle. Le Rapporteur spécial sur l'indépendance
des juges et des avocats est chargé d'examiner des dossiers concernant
l'impartialité du pouvoir judiciaire et les problèmes susceptibles
de remettre en cause ces attributs. Le magistrat, l'avocat, l'auxiliaire de
justice ainsi que tout le personnel judiciaire sont concernés par cette
procédure. Le Rapporteur spécial soumet toute allégation
qui lui est transmise à un examen contradictoire. Il identifie, recense,
les atteintes portées à cette indépendance, ainsi que
les progrès accomplis en proposant notamment des programmes d'assistance
technique et de services consultatifs. Le Rapporteur spécial doit aussi
étudier certaines questions de principe dans le but de protéger
et d'améliorer l'indépendance du pouvoir judiciaire et des avocats.
La procédure
confidentielle
Elle
permet l'examen de plaintes et communications transmises chaque année
dans une réunion privée. Elle complète les autres moyens
d'examen des communications, presque tous publics. La procédure commence
par un examen au sein du Groupe de travail sur les communications de plaintes
adressées aux Nations unies par des organisations, des groupes et des
particuliers. Ce Groupe est composé de 5 membres de la sous-commission.
Il détermine les cas à soumettre à l'examen confidentiel
de la sous-commission. Celle-ci décide en dernier ressort des affaires
à transmettre à la Commission des droits de l'homme.
Le
système européen 
La
Cour européenne des droits de l'homme
Président : Luzius Wildhaber
La
nouvelle Cour européenne des droits de l'homme a commencé à
fonctionner le 1er novembre 1998. Elle remplace la Commission européenne
et la Cour temporaire qui existaient avant.
Elle se compose d'un nombre de juges égal à celui des États
contractants, actuellement au nombre de 41. Sa procédure est publique
et contradictoire.
La Cour peut être saisie par un État contractant contre un autre
État contractant. Les particuliers ou leurs représentants qui
se prétendent victimes d'une violation par un État contractant
des dispositions de la Convention de sauvegarde des droits de l'homme et
des libertés fondamentales ou de ses Protocoles peuvent directement
saisir la Cour par requête individuelle.
La Cour statue définitivement en rendant un arrêt ayant force
obligatoire. En cas de constatation de violation, les États sont tenus
d'en effacer les conséquences. L'exécution est placée
sous la surveillance du Comité des ministres du Conseil de l'Europe.
La Cour a également une compétence consultative sur des questions
juridiques concernant l'interprétation de la Convention et de ses Protocoles.
Le
Comité européen pour la prévention de la torture et des
peines ou traitements inhumains ou dégradants (CPT)
C'est la Convention
européenne pour la prévention de la torture et des peines ou
traitements inhumains ou dégradants qui a institué le CPT.
Cet organe compte en pratique un membre pour chaque État partie. Il
est avant tout un mécanisme de prévention des mauvais traitements.
Le CPT peut également, dans certains cas spécifiques, intervenir
après que de tels faits ont eu lieu. Il lui appartient d'établir
s'il existe des conditions ou des circonstances générales
ou particulières susceptibles de se dégrader au point de conduire
à des actes de torture ou à des peines ou traitements inhumains
ou dégradants, ou qui seraient en tout cas propices à la perpétration
de tels actes ou pratiques inadmissibles.
Ce mandat n'exclut pas une fonction d'enquête ou de surveillance à
l'égard des faits qui se sont produits dans un passé récent.
Le CPT effectue des visites périodiques dans les lieux de détention
de chaque État membre. Ces visites font l'objet de rapports confidentiels
envoyés aux gouvernements concernés. En général,
les rapports sont assortis de recommandations énonçant les mesures
à prendre pour corriger les conditions ou un comportement inacceptables.
Si l'État néglige de mettre en uvre les recommandations
du CPT, celui-ci peut faire une déclaration publique.

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